
En prison, paroles de djihadistes, de Guillaume Monod
Le lecteur sera surpris de ne trouver dans cet ouvrage aucune analyse des liens entre djihadisme et psychiatrie, et aucun contre-discours, scientifique et républicain. Au contraire, il y lira des références philosophiques, cinématographiques, historiques qui ancrent le djihadisme dans une histoire culturelle, au lieu de souligner, encore et toujours, son caractère inédit et incompréhensible. Les djihadistes sont en effet comparés, tour à tour, aux héros hollywoodiens, à Saint-Just, à un certain fondamentalisme protestant, aux libertariens américains, aux prospecteurs d’or en Californie ou encore à l’extrême gauche. La thèse de Guillaume Monod est la suivante : la conviction djihadiste n’est ni théologique ni politique comme on le prétend, elle est mythologique. En témoigne le désintérêt de ses adeptes pour l’histoire du monde arabe et son rayonnement (âge d’or arabo-andalou, guerres de libération nationale, décolonisation). Certes, la solidarité avec les rebelles en Syrie, enhardie par l’hypocrisie des politiques occidentales, est un facteur central du discours des djihadistes. Mais parmi les éléments dont on parle moins, le fantasme du héros et l’injonction à la virilité contribuent fortement à leur engagement. La Syrie apparaît comme une espèce de paradis mondain, lavé de la souillure et… de l’impôt. Et pour être idéaliste, le djihadiste n’est pas un fou. Il faut considérer son engagement comme un choix rationnel. Dès lors, Guillaume Monod propose une analyse convaincant