
Théorie de la justice spatiale de Jacques Lévy, Jean-Nicolas Fauchille et Ana Póvoas
Notre temps semble être celui de la révolte contre l’injustice. Notre-Dame-des-Landes, les Insoumis et désormais les Gilets jaunes dessinent un panorama de revendications politiques dans un pays où le poids des prestations sociales avoisine les 32 % du produit national brut. La distorsion entre les moyens mis au service de l’égalité et la perception des habitants, étayée par certains indicateurs économiques, doit nous interroger. Certes, le sentiment de l’appauvrissement du pays, renforcé par le creusement de l’écart de fortunes et de salaires entre les plus riches et les plus pauvres, explique en partie le phénomène. Qu’il s’agisse de protestations contre des conditions de vie jugées indignes ou d’une représentation de la société dénoncée comme trop inégalitaire, on notera toutefois les signes d’une évolution profonde des mentalités. Comme il a été maintes fois relevé, il y a désormais une contradiction dans les revendications, lesquelles portent à la fois sur une augmentation des prestations sociales et une baisse des taxes et prélèvements. La politique sociale ne permet pas de répondre aux besoins d’une partie des citoyens dont les attentes ont évolué. La prise en compte des dimensions spatiale et temporelle dans les perceptions inégalitaires constitue une approche nouvelle pour comprendre ces décalages. Ce sont ces questions qui sont au centre de la Théorie de la justice spatiale proposée par trois géographes et urbanistes.
La première constatation est