CONVERSATIONS SUR LA VILLE ET L’URBAIN
Dans la revue Urbanisme, Thierry Paquot interroge rituellement des intellectuels, de tous bords et disciplines, qui manifestent un intérêt pour les thèmes de la ville et de l’urbain. Parmi les 78 conversations qui sont de nature hétérogène, on relève à côté des plus inattendues (Alain Rey par exemple) celles des historiens (Pierre Vidal-Naquet, Jacques Le Goff, Annie Fourcaut, Françoise Choay, André Corboz, Claude Nicolet…) ou celles des anthropologues (Jack Goody, Jean Cuisenier). Mais les entretiens avec des gens de terrain comme Secchi ou avec des théoriciens comme Saskia Sassen montrent que l’opposition entre pensée et technique est vite dépassée quand la ville est considérée comme une pratique politique exigeante. L’exemple de Richard Rogers, qui a été en charge de deux rapports pour l’Urban Task Force de Londres (1999 et 2005) souligne à chaque fois ses priorités (recyclage des territoires et des bâtiments, amélioration de l’environnement) sans oublier ce qu’il appelle l’excellence en matière de gouvernance, de participation et de gestion, ce qui implique de revoir les cadres fiscaux et légaux sans lesquels le renouvellement urbain n’est guère imaginable. Alors que les travaux sur le Grand Paris relèguent le plus souvent les questions de gouvernance au second plan, il n’est pas inutile de rappeler que l’avenir des politiques urbaines passe par d’exigeantes réformes politiques. C’est tout le sens du livre, décapant et pédagogique à la fois, de Jean-Michel Roux que de rappeler que « nos villes », celles de l’Hexagone, sont en manque de politique.
O. M.
O. M.