
L’ESPACE PUBLIC
L’originalité de l’ouvrage de Thierry Paquot réside dans sa volonté de penser l’espace public « au singulier » et « au pluriel » : d’un côté l’« espace public » comme lieu du débat politique et sphère de la communication au sens de Habermas, et de l’autre les « espaces publics » comme ces endroits accessibles au public (parcs, jardins, places, lieux de vie urbains…) qui sont de plus en plus fréquentés indépendamment de leur statut juridique (un lieu privé ouvert au public comme un centre commercial sera ainsi qualifié d’« espace public »). Tout en insistant sur la variable historique et géographique (voir les pages sur le Japon), l’auteur se méfie d’une approche purement spatiale pour saisir comment les espaces publics rendent ou non possibles des pratiques démocratiques et un « agir communicationnel ». Placé sous l’égide de penseurs comme Isaac Joseph ou Georg Simmel, ce livre s’ouvre sur une lecture précise et critique du livre de référence de Habermas (l’Espace public), se prolonge par un descriptif de l’évolution des espaces de sociabilité (salons et cafés) avant de privilégier l’analyse concrète des pratiques et usages urbains. Ce qui permet de conclure par des remarques très contemporaines relatives à la mobilité et à la « privatisation de l’espace public ». Sur ce dernier thème, on peut se reporter à un ouvrage collectif (coordonné par le même Thierry Paquot) qui met en scène de manière objective des « ghettos de riches » sous la forme d’un « tour du monde des enclaves résidentielles sécurisées » aux États-Unis mais aussi en Europe, Amérique latine, États-Unis, Afrique, Asie et Océanie.
O. M.