
Platon de Bernard Fauconnier
Voici une biographie très agréable à lire, et bien documentée, du philosophe occidental par excellence : Platon. Il est vrai qu’il bénéficie de la transmission de son œuvre quasi complète, alors que celles de Parménide, d’Héraclite, d’Empédocle, pour ne citer que ces trois philosophes, ne sont que fragmentaires. Rassemblant les données disponibles pour les confronter, Bernard Fauconnier relate ce qui est vraisemblable et aussi ce qui demeure mystérieux dans la vie même du philosophe – trop souvent enjolivée : ne prétend-on pas qu’il est le fils d’Apollon ? « L’œuvre de Platon, écrit-il, est née de cette double blessure : la mort de Socrate et la situation de sa cité, Athènes, vaincue par Sparte, soumise à un gouvernement inique, et dont les malheurs, selon lui, trouvent leur source dans une pratique déraisonnable et illusoire de la démocratie. » Platon est l’auteur d’une œuvre littéraire qui traite de philosophie, c’est-à-dire qui interroge tout ce qui participe à la vie de chacun. Fils de bonne famille, fortunée et liée au pouvoir de la Cité, Platon (ce sobriquet lui est donné par un professeur de gymnastique et signifie « large d’épaules »), reçoit une éducation de qualité, à la fois physique et intellectuelle, qui lui assure une longévité, puisqu’il meurt vers quatre-vingts ans (divisible par neuf, parfait dans la symbolique des nombres…), après pourtant mille tumultes, dont ses péripéties en Sicile qui auraient pu mal se finir. Bernard Fauconnier s’attarde aussi bien sur la figure de Socrate (qui n’est pas qu’un « hurluberlu aux mœurs de clochard ») que sur la cité athénienne qu’il décrit à partir des textes de Platon, vingt-huit écrits, décortiqués et analysés depuis vingt-cinq siècles… Précieuse introduction pour tout public, sans jargon, qui expose le contenu des dialogues et interroge le destin de son œuvre au cours des siècles suivants, de sa conception des « Idées », d’essence géométrique, qui assurent à la connaissance son ordre non contaminé par les émotions, auxquelles succombent les poètes…