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Notes de lecture

Dans le même numéro

La Dette souveraine. Économie politique et État sous la dir. de Julia Christ et Gildas Salmon

Dans un contexte éditorial marqué par une certaine dispersion, les entreprises aboutissant à ce type ­d’ouvrages sont assez rares pour devoir être remarquées, sinon saluées : toutes les contributions qu’il réunit sont les commentaires critiques de l’ouvrage du sociologue allemand Wolfgang Streeck paru en Allemagne en 2013 : Du temps acheté (Gallimard, 2014). C’est donc à la fois une preuve de, et une contribution à, l’existence d’une arène de discussion à la fois internationale et interdisciplinaire, puisque sont représentées, à leur plus haut niveau, la sociologie (Benjamin Lemoine, Bruno Karsenti, Wolfgang Streeck), la philosophie et la science politique (Colin Crouch, Marie Cuillerai, Yves Duroux, Jürgen Habermas), l’économie (Robert Boyer) et même les études littéraires (Jean-Michel Rey). C’est dire aussi l’importance du livre qui en est à l’origine, tentative à la fois très originale et très aboutie (et très largement saluée également) d’interpréter la trajectoire économique et sociale des sociétés occidentales depuis l’après-guerre du point de vue, non seulement économique et social précisément, mais aussi et d’abord politique et étatique. Dans cette perspective, en effet, l’histoire de ces soixante dernières années serait celle au cours de laquelle l’État, après être parvenu à domestiquer fiscalement les puissances capitalistes, aurait vu celles-ci s’émanciper et faire peser des contraintes toujours plus lourdes sur les droits sociaux gagnés auparavant par les travailleurs, conduisant à un endettement d’abord public, ensuite privé, et aboutissant à une véritable dichotomie, au sein des sociétés concernées, entre « peuple » et « marché ». L’introduction remarquable des philosophes Julia Christ et Gildas Salmon permet à la fois de synthétiser les principales thèses du livre de Wolfgang Streeck, d’en souligner les apports et de montrer les questions qu’il ouvre sur les plans, notamment, de l’intelligibilité des processus sociaux et de la légitimité politique.

Ehess, 2018
312 p. 27 €

Thomas Boccon-Gibod

Ancien élève de l’École Normale Supérieure de Lyon, Thomas Boccon-Gibod est professeur agrégé de philosophie, spécialisé sur la philosophie de l’action, la théorie des institutions publiques, les théories de la régulation et le républicanisme. Il a publié un essai sur l’œuvre de Michel Foucault, intitulé Michel Foucault : dire la vérité, Scéren-CNDP, 2013.…

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Un nouveau monde politique ?

À mi-mandat du quinquennat d’Emmanuel Macron, le dossier diagnostique une crise de la représentation démocratique. Il analyse le rôle des réseaux sociaux, les mutations de l’incarnation politique et les nouvelles formes de mobilisation. À lire aussi dans ce numéro : Jean-Luc Nancy sur l’Islam, Michael Walzer sur l’antisionisme et François Dubet sur la critique de la sélection.