
Les Monts Analogues de René Daumal Édition publiée sous la dir. de Boris Bergmann
Préface de Patti Smith
Le Mont Analogue est un texte doublement infini : in-fini en ce sens, d’abord, qu’une simple virgule clôt le récit, comme pour l’ouvrir – son auteur, René Daumal, étant décédé durant la rédaction en 1944, des suites d’une grave pneumonie. Infini, ensuite, car si la parole première s’est éteinte, l’œuvre a poursuivi son imaginaire ascension, trouvant d’innombrables échos pour la relayer et l’approfondir.
S’il est peu lu en France, au début des années 1950, Le Mont Analogue circule et rencontre un succès conséquent aux États-Unis. Texte avant-gardiste, son itinéraire confirme que « la durée des œuvres est celle de leur utilité. C’est pourquoi elle est discontinue1 », tel que l’affirmait Paul Valéry. En effet, devenu « utile » au milieu des années 1960, offrant à toute une génération éprise de liberté le récit véritable de l’émancipation, Le Mont Analogue impose un langage nouveau qui résonne avec l’époque et parle aux fils de la révolution New Age. Toutefois, loin de constituer un simple manifeste « psychédélique », dont l’utilité ne serait que relative, le texte prend la forme d’un drolatique « discours de la méthode », allant à rebours des lois de la modernité pour tenter une excursion sur les sentiers de la sagesse.
Tel est donc l’objet de la réédition du Mont Analogue : si le texte originel demeure au centre, il s’agran