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Une réfugiée syrienne en Turquie (photo Union européenne, 2014)
Une réfugiée syrienne en Turquie (photo Union européenne, 2014)
Flux d'actualités

La crise syrienne dans l’indifférence du monde

Les auteurs du Livre noir des Assad mettent en garde contre le manque et l’instrumentalisation de l’aide humanitaire en Syrie et dénoncent notre incapacité à penser ensemble les fronts syrien et ukrainien.

Les séismes des 6 et 7 février 2023 ont cruellement touché une population syrienne déjà exsangue et en majorité constituée de réfugiés de la guerre, partis en Turquie ou déplacés dans le Nord-Ouest de la Syrie. De ce côté de la frontière, dans la région d’Idlib en particulier, il a été impossible d’acheminer l’aide d’urgence nécessaire, qu’elle soit internationale ou gouvernementale. Isolés, abandonnés, les Syriennes et les Syriens ont dû compter sur leur propres forces et organisations (comme celle, civile, des Casques blancs, à l’origine créée pour secourir les victimes de bombardements). La mobilisation internationale, qui a pu dans une certaine mesure se déployer du côté turc, est restée bloquée par le chantage du régime syrien qui exige le contrôle exclusif de la distribution de l’aide humanitaire, y compris celle destinée à cette zone rebelle qui lui échappe encore. Pour Bachar el-Assad, sous couvert d’organiser l’aide humanitaire, il s’agit tout à la fois de prendre la main sur une manne vitale qu’il délivrera au compte-gouttes et selon sa volonté et ses intérêts, non sans en en détourner une partie substantielle et surtout en en faisant un instrument pour la levée des sanctions et pour sa re-légitimation régionale et internationale. Un piège humanitaire qui semble fonctionner et dans lequel l’Organisation des Nations unies et, derrière elle, la communauté internationale se sont laissée prendre, inexorablement coincées par leur abandon progressif de ces déplacés et de ces régions face à une stratégie d’obstruction et d’instrumentalisation cynique de l’aide que le régime mène depuis des années et qu’il avait, avec le soutien de la Russie, intensifié dès le début de cette année.

Ainsi, le 10 janvier 2023, un mois avant la catastrophe, expirait la résolution de l’Organisation des Nations unies n° 2642, votée en juillet 2022, qui permettait d’acheminer une dernière aide humanitaire dans le Nord-Ouest de la Syrie à 4 millions de personnes, dont près de la moitié vit dans des camps de refuge et manque de tout (eau, nourriture, chauffage, soins médicaux). « Dernière aide » car, depuis 2019, la mécanique des vetos russes au Conseil de sécurité s’est employée à réduire inexorablement le nombre de points d’acheminement de cette aide vitale. Avec succès, puisqu’elle n’arrive plus que par Bab Al-Hawa, à la frontière turque, suivant un mécanisme que le Conseil de sécurité doit renouveler tous les six mois (et non plus chaque année). La Russie entendait la réduire à rien – puisque « la guerre est finie » –, mais elle vient de concéder six mois supplémentaires, afin de ne pas trop irriter Erdogan.

Le 21 décembre 2022, le secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et coordinateur des secours d’urgence de l’ONU, Martin Griffiths, évoquait une « crise économique et humanitaire sans précédent », particulièrement aiguë dans le Nord de la Syrie, mais qui frappait alors tout le pays, avec 90 % de la population vivant sous le seuil de pauvreté, et 14, 6 millions de personnes dépendant d’une aide humanitaire (soit 1, 2 million de plus qu’un an auparavant).

L’aide humanitaire comme arme de guerre

Les conditions de vie, d’hygiène et d’assainissement dans les camps du Nord-Ouest ont causé une recrudescence des maladies parasitaires et le retour inquiétant du choléra : le 18 décembre, on dénombrait une centaine de morts et 62 000 cas suspects. Deux mois plus tôt, Raphaël Pitti, président de Mehad (qui soigne les civils, forme des équipes médicales et finance les centres de santé) rappelait que près de 30 % des victimes du choléra ont moins de cinq ans. Les 322 centres de santé qui fonctionnent encore (sur 544) manquent de ressources et de médicaments, et le système de santé risque de s’effondrer.

On comprend, dans ce contexte, ce que signifierait l’arrêt de l’aide humanitaire et pourquoi il importe tant à la Russie de l’obtenir : il livrerait cette population non seulement à une catastrophe humanitaire accélérée, mais à la violence du siège, cette arme mortelle que Bachar el-Assad a utilisée dix ans durant contre chaque ville ou région qui échappait à son contrôle, contraignant les populations à la famine et aux bombardements, puis forçant les survivants à l’exode ou à la soumission. C’est à présent au tour de la région d’Idleb – les bombardements intensifs dont elle est la cible depuis 2019 avaient fait parler de « carnage » au coordinateur des secours d’urgence de l’ONU.

La politique d’assistance humanitaire, domaine résiduel où a dû finir par se cantonner la revendication des démocraties occidentales à l’ONU face aux veto russes, est ainsi retournée en arme de guerre – de même qu’on avait assisté, dès 2012, au retournement de l’information médiatique en arme de terreur et signe d’impunité, car les images de massacres n’ayant débouché sur aucune intervention ni livraison d’armes lourdes ni bouclier aérien, elles ne montraient que le blanc-seing donné au régime.

Le désengagement financier de la communauté internationale fait craindre le pire : le plan de réponse humanitaire de 2022 n’a reçu que 43 % des fonds attendus, et le plan de préparation à l’hiver 2022-2023, qui concerne 6 millions de personnes, n’est financé qu’à 21 %. Derrière ces chiffres, c’est en réalité une guerre qui continue de sévir et de se raconter. Le 21 décembre dernier, l’envoyé spécial de l’ONU, Geir O. Pedersen, rappelait que le conflit était loin d’être terminé, que si le patchwork d’accords bilatéraux entre la Turquie, la Russie et les États-Unis avait fait diminuer les assauts, la situation demeurait explosive.

Entre désespoir et colère

Martin Griffiths rappelait aussi les tristes records de l’année 2022 : 138 civils tués et 249 blessés dans le Nord-Ouest. Dans l’ensemble du pays, selon le Réseau syrien des droits de l’homme, 926 civils ont été tués, dont 232 enfants ; 2 221 personnes ont été arrêtées et incarcérées, dont 148 enfants ; et le sort de 111 000 personnes disparues est toujours incertain. Le 30 avril 2022, le gouvernement a annoncé la libération de 539 détenus, sans livrer de liste nominale, provoquant une quête éperdue des familles dans les rues, sans même l’aide d’un Comité international de la Croix-Rouge aux abonnés absents. Le geste, destiné au « monde », ne concernait qu’une infime partie de la population carcérale. Le climat de peur, provoqué par les détentions arbitraires et les disparitions forcées qui n’ont jamais cessé, y compris dans les régions contrôles par le régime (70 % du pays), continue de régner.

L’État syrien, sous perfusion depuis des années, semble réduit à une carcasse près de s’effondrer. Dans les zones qu’il contrôle, le gouvernement s’obstine dans une gestion économique désastreuse, caricature du tournant néolibéral des années 2000. Alors que la grande majorité de la population manque de tout, que les foyers ne disposent souvent que de quelques minutes par jour d’électricité et ne peuvent parfois pas aller travailler du fait du coût des transports, une infime minorité continue de vivre dans le luxe. Les affaires les plus sordides fleurissent, comme la production et la commercialisation du narcotique « captagon » (des amphétamines), contrôlées par la Quatrième division de l’armée que dirige Maher el-Assad, le frère cadet de Bachar, si bien que la Syrie en est désormais le premier exportateur mondial. Performance symbolique !

L’inflation galopante, le chômage massif et la corruption généralisée fabriquent un quotidien qui condamne au désespoir les populations de toutes appartenances, y compris loyalistes. Les suicides se multiplient, déguisés en « arrêts du cœur », mais la colère parfois l’emporte. Ainsi, à Soueïda, au Sud du pays, ont été brûlées des photos de Bachar et criés des slogans anti-gouvernementaux. Le régime y a répondu, comme à l’accoutumée, par une féroce répression.

Au Nord, c’est pour des raisons plus politiques que la révolte gronde : l’annonce faite par Erdoğan d’un rapprochement avec Assad, confirmée le 28 décembre par une réunion tripartite à Moscou rassemblant les ministres de la Défense russe, syrien et turc. Deux jours plus tard, des milliers de Syriens manifestaient à Al-Bab, ville contrôlée par des factions pro-turques, et dans plusieurs localités de la province d’Alep : « Ne vous alliez pas avec Assad contre nous » et « Plutôt mourir que de nous réconcilier avec Assad », criaient les manifestants. Et on pouvait lire sur une banderole, en arabe, en russe et en turc : « La révolution est une idée, vous ne pourrez pas tuer une idée. »

Le rôle brutal de la Turquie

La Turquie continue par ailleurs de bombarder les positions kurdes du Nord-Est et menace de lancer une offensive terrestre d’envergure. Elle semble ainsi vouloir rejoindre le club des gouvernements arabes qui ont normalisé leurs relations diplomatiques et commerciales, directes ou indirectes, avec le régime d’Assad. Les États occidentaux paraissent aussi résignés à voir le régime de Bachar perdurer, et ceux qui appellent à normaliser les relations le font au nom de la « stabilité régionale », de l’intérêt des civils dont les sanctions aggravent le sort, comme un moyen de contrer la mainmise russo-iranienne sur la Syrie, ou encore sous un autre prétexte fallacieux, celui de défaire l’alliance entre la Russie et l’Iran.

Contretemps éclatant, alors que le partenariat tactique russo-iranien n’a cessé de se resserrer, se transformant en alliance militaire offensive en Ukraine, avec l’usage de drones de combat dits « Shahed » (« martyr »). De même, Benjamin Netanyahou en Israël s’est fourvoyé en croyant pouvoir brider l’activisme iranien par son soutien à la Russie. La politique aventureuse de Vladimir Poutine en Ukraine a dressé contre lui l’Union européenne et les États-Unis, mais il continue d’exploiter son fief moyen-oriental dans sa guerre.

En Turquie, au Liban, en Jordanie, mais aussi au Danemark, les réfugiés syriens sont l’objet d’une hostilité croissante et menacés d’une décision d’expulsion qui ne tient aucun compte de la poursuite avérée et documentée des persécutions : le décret d’amnistie et la loi contre la torture de 2021 sont de pure façade, et les réfugiés qui reviennent sont à nouveau arrêtés et torturés. Cela a été le cas de Mazen al-Hamada, tragédie à laquelle Garance Le Caisne vient de consacrer un ouvrage1. Et il a fallu une mobilisation citoyenne en France pour que la demande d’asile du journaliste Hussam Hammoud2, qui a œuvré à faire connaître les crimes de Daech à Raqqa, ne soit pas rejetée cette année.

Le 6 janvier 2023, les autorités françaises ont été accusées par trois organisations non gouvernementales, Amnesty International, la Cimade et Revivre, d’avoir tenté de faire expulser deux réfugiés vers la Syrie en prenant contact avec son ambassade, alors que les relations diplomatiques avec Damas sont rompues depuis mars 2012 et que les Conventions de Genève interdisent le renvoi d’une personne dans un pays où elle risque la mort ou la torture. Trois mois plus tôt, la préfecture de Haute-Garonne et la préfecture de police de Paris avaient fait placer ces deux personnes en centre de rétention, en toute illégalité. Les ONG ont parlé de « tentatives illégales et scandaleuses », et prié le gouvernement de rappeler aux préfectures les obligations internationales et les engagements français, trahis ici au nom de la « quête effrénée de l’exécution des OQTF » (obligations de quitter le territoire français), selon Manon Fillonneau, responsable des questions migratoires à Amnesty International.

De la Syrie à l’Ukraine

Nul ne nie désormais que la Syrie a été le laboratoire militaire et diplomatique de l’offensive de Poutine en Ukraine. Mais l’histoire syrienne continue de se dérouler dans sa singularité, et il faut continuer de l’observer et comprendre ce qu’elle dit de notre monde – ce qu’elle lui demande.

On pouvait penser que le choc qu’a été l’agression de l’Ukraine conduirait les responsables politiques et les opinions occidentales à prendre conscience de la nature criminelle de l’intervention russe en Syrie – alors que Poutine faisait figure, pour beaucoup, de garant de stabilité, d’allié contre le terrorisme et de référence anti-impérialiste – et de ce que peut avoir d’irréductible la confrontation entre un désir de démocratie et une volonté autocratique. Cette confrontation se joue aujourd’hui sur le territoire ukrainien, sous les bombes et dans le froid glacial, mais aussi sous d’autres formes, celles de la guerre informationnelle et énergétique, et sur d’autres fronts, qui peuvent paraître éloignés et distincts mais qui sont en réalité interconnectés. Tel est le cas dans plusieurs zones d’instabilité, où les conflits latents menacent de « dégeler » ou d’éclater, de l’Europe (entre la Serbie et le Kosovo) à l’Afrique (au Mali et en Centrafrique) et de l’Asie (entre la Chine et Taïwan) au Moyen-Orient. Cette dernière région est un entrelacs de situations de détresse ou en ébullition : Syrie, Liban, Palestine, Irak, Iran, Turquie…

La guerre en Ukraine a aggravé la situation économique et humanitaire en Syrie, mais elle recèle évidemment un espoir pour les populations syriennes sous le joug du régime, et son issue aura dans tous les cas des effets majeurs au Moyen-Orient. L’échec de Poutine aura probablement des conséquences positives en Syrie, où l’attente de justice se trouve de facto liée aux perspectives de procès pour le « crime d’agression » russe en Ukraine. La poursuite des procès de criminels syriens sur la base de la compétence universelle est une réponse encore balbutiante à cette attente, une brèche encore dérisoire dans l’édifice d’une impunité durable et puissante. C’est en Syrie que l’impunité en matière de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité s’est mise à l’épreuve et confirmée, à la faveur du recul américain concernant la « ligne rouge » des attaques chimiques. C’est dans la guerre totale menée par la Russie en Syrie que s’est instituée son impunité3.

La Syrie, révélateur hier de nos ambiguïtés et de nos faiblesses face à la dialectique infernale entre terreur d’État et terrorisme djihadiste, est aujourd’hui, pour son malheur, symptomatique de notre incapacité à nous investir sur plusieurs fronts et à comprendre leur interconnexion. Incapacité, surtout, au-delà des enjeux géostratégiques, à manifester notre solidarité et apporter notre aide à des populations qui en ont un besoin vital.

Face à la catastrophe que la Syrie subit actuellement, et qui ne peut que s’aggraver, il nous faut chercher et trouver des modes de soutien prenant acte de ce qui s’y joue réellement et de ce qu’on peut anticiper : accueil clair et ferme des réfugiés politiques et refus radical de toute expulsion ; aides matérielles via les organisations non gouvernementales encore présentes et restées indépendantes4 ; à plus long terme, soutien d’une agriculture de subsistance seule à même de nourrir la population, dans une économie soumise aux ponctions des profiteurs de guerre ; financement de recherches dans le domaine hydraulique afin de lutter contre les sécheresses à répétition ; dans un tout autre domaine enfin, soutien au travail d’archivage entrepris par les groupes d’activistes syriens (dont, en France, Mémoire créative de la révolution syrienne) afin de garder vivantes les traces du soulèvement démocratique de 2011 au nom de la dignité et de la liberté. L’expérience des Syriens, toute tragique qu’elle soit, doit pouvoir se transmettre, se réfléchir, se transformer et se vivre autrement, fût-ce en exil, en attendant que ce régime ennemi de l’histoire et obsédé par la mort s’effondre et laisse place à la vie.

 

Cet article a été rédigé par Catherine Coquio, Majd Al-Dik, Marc Hakim, Joël Hubrecht, Naïla Mansour, Farouk Mardam-Bey, Véronique Nahoum-Grappe, Claire A. Poinsignon et Nisrine Al-Zahre. Ils sont coordinateurs et contributeurs de l’ouvrage collectif Syrie, le pays brûlé. Le livre noir des Assad (1970-2021), Paris, Seuil, 2022. Ce texte est paru, dans une version plus courte, dans Le Monde du 10 janvier 2023 sous le titre : « Syrie : “L’arrêt de l’aide humanitaire livrerait la population à la violence du siège, une arme mortelle que Bachar Al-Assad a utilisée dix ans” ».

  • 1. Garance Le Caisne, Oublie ton nom. Mazen al-Hamada, itinéraire d’un disparu, Paris, Stock, 2022.
  • 2. Hussam Hammoud et Céline Martelet, L’Asphyxie. Raqqa, chronique d’une apocalypse, Paris, Denoël, 2022.
  • 3. Le 5 janvier 2023, le représentant de la France au Conseil de sécurité, Nicolas de Rivière, a appelé à ce que la lumière soit faite sur le stock résiduel d’armes chimiques en Syrie. Il a souligné que les attaques meurtrières sur la Ghouta orientale en août 2013 n’avaient jamais été contestées, que les enquêtes conduites par les Nations-Unies et l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques avaient démontré à huit reprises l’usage d’armes chimiques par le régime, et que celui-ci avait fait échouer en novembre 2022 la réunion bilatérale prévue avec le secrétariat technique de l’ONU, qui tentait de mettre en œuvre son mandat. « Il ne doit y avoir aucune impunité pour les auteurs d’attaques chimiques », a-t-il dit. En revanche, lorsqu’une enquête périlleuse a fait connaître le film atroce des massacres en série commis à Tadamon en 2012, aucune réaction n’a eu lieu, ni politique ni judiciaire ni médiatique : voir Annsar Shahhoud et Ugur Ümit Üngör, “How a massacre of nearly 300 in Syria was reavealed: War crime researchers tricked Assad intelligence officers into confessins to the crime, and a chilling journalistic investigation followed” [en ligne], New Lines, 27 avril 2022.
  • 4. Nombre de fournisseurs auxquels ont fait appel les agences des Nations-Unies en 2019-2020 se sont révélées compromis, et plusieurs enquêtes se penchent sur la corruption de l’aide onusienne et sa manipulation par Assad. Voir Syrian Legal Development Programme et Observatory of Political and Economic Networks, UN Procurement Contracts in Syria : A “few” Bad Apples? [en ligne], 2022.

Comité Syrie-Europe Après Alep

Le comité Syrie-Europe, Après Alep s’est formé en décembre 2016, alors que la ville allait tomber aux mains du régime et que l’expression de la solidarité avec ses habitants était marquée par la confusion. Le comité s’est concentré sur les trois activités suivantes : une réunion publique mensuelle avec des chercheurs invités, notamment pour étudier les dynamiques de la société civile syrienne…