
Emmanuel Mounier (1905-1950)
À l’occasion du soixante-dixième anniversaire de la mort d’Emmanuel Mounier, le 22 mars 1950, la rédaction vous propose de redécouvrir, en accès libre, le numéro spécial que la revue lui consacrait en décembre 1950.
« Emmanuel Mounier était, avant toute autre chose, un homme tourné vers l’avenir », écrit Albert Béguin en novembre 1950, dans « Fidélité et imagination ». Chez cet homme lumineux, qui a profondément marqué tous ceux qui l’ont connu, « l’orientation vers le futur, qu’il tenait de naissance, avait fini par prendre la valeur la plus haute de l’espérance ».
Cette foi dans l’avenir et dans le rôle qu’il est appelé à jouer parmi les hommes de son temps transparait clairement dans ses journaux de détention, notamment celui qu'il tient de juillet à octobre 1942 dans la prison Saint-Paul, à Lyon, où il est transféré après la levée de son internement à Vals, à la suite d’une grève de la faim.
Dans son « Dernier dialogue », Pierre-Aimé Touchard témoigne de la sensibilité hors du commun que Mounier cachait sous une écorce parfois rude, de sa grande volonté, mais aussi de « cet éternel balancement entre le pour et le contre, cet arbitrage incessant qui, chez un philosophe de l’engagement, déconcertait car il semblait précisément fuir l’engagement temporel. »
Parmi d’autre hommages à l’homme et à son œuvre, le numéro compte encore un essai de Paul Ricœur « Une philosophie personnaliste », dans laquelle ce dernier voit dans le personnalisme de Mounier non pas une doctrine mais une pédagogie, une matrice philosophique « capable d’une ou de plusieurs philosophies ».
Avec « Une vie », enfin, Albert Béguin a composé à partir d’extraits de carnets, de journaux et de lettres, reliés par ses discrets commentaires, une singulière biographie, très évocatrice de ce « legs vivant » que ses amis et collaborateurs s’appliquent alors à transmettre.