
Après le bunker. Paul Virilio (1932-2018)
Avec le bunker, Paul Virilio découvre les transformations architecturales apportées par la guerre et la nécessité d’une économie politique de la vitesse. Son œuvre, marquée par la promotion de la fonction oblique et une réflexion sur la transparence, aura cherché à dénaturaliser le bunker.
En 1979, Paul Virilio a fondé, avec le géo-politologue Alain Joxe, le Centre interdisciplinaire de recherche de la paix et d’études stratégiques à la Maison des sciences de l’homme à Paris. Et, un peu plus haut sur le boulevard Raspail, il avait endossé quelques années plus tôt, en 1975, la direction générale de l’École spéciale d’architecture (Esa). La même année, il avait organisé l’exposition Bunker archéologie au Musée des arts décoratifs à la demande de François Mathey. Ceci un an tout juste après avoir lancé aux éditions Galilée sa collection « L’Espace critique » avec la parution, en 1974, du célèbre Espèces d’espaces de son ami Georges Perec explorant l’infra-ordinaire. Le champ est balisé. « Certains ont été marxistes, moi, j’ai été gestaltiste », résumera-t-il d’un trait[1]. La perception, l’espace et la technique : Virilio aura fait de la politique autrement.
Bunker
Peut-être l’a-t-on oublié, mais l’un des auteurs de l’attentat suicide contre les tours du World Trade Center était architecte. « Peut-on encore écouter et surtout entendre les bâtisseurs, alors même que les démolisseurs se recrutent partout [2] ? » Paul Virilio s’était plu à le rappeler, troublé par la fausse proximité issue de la mondialisation, voyant vaciller quelques-uns des