Souffrir au travail : purger les passions ou ouvrir la voie à l'action ?
Comment le thème de la souffrance au travail s’est-il imposé en quelques années dans le débat public ? Indépendamment des transformations économiques et managériales qui sont en cours dans les entreprises, c’est aussi notre rapport collectif à la souffrance des individus qui apparaît transformé. Le registre de la plainte installe une idée de l’individu et des responsabilités de la société à son égard qui ouvre peu de perspectives à l’action collective et néglige les ressources de la subjectivité.
Autonomie, individualisme, souffrance psychique sont les trois pôles d’une dramaturgie nationale qui met en scène un individu contraint de plus en plus de s’appuyer sur lui-même, sur ses capacités personnelles, sa « subjectivité », son « intériorité ». Cette situation résulterait de l’autonomie qui affaiblit le lien social et surcharge l’individu de responsabilités et d’épreuves qu’il ne connaissait pas auparavant. Nous serions entrés dans un individualisme non plus de personnalisation, mais de déliaison, un individualisme devenu destructeur des appartenances collectives et donc des assises personnelles de chacun. De là cette souffrance psychique de masse. Elle est caractérisée par l’idée de ne plus y arriver, de n