
Nelson Mandela, le guerrier pragmatique
L’époque manque de grands hommes, de figures universelles auxquelles tout un chacun peut se rattacher. Aujourd’hui, dans les crises qui agitent le monde, les camps semblent moins bien définis qu’autrefois et les prises de position plus compliquées à prendre. Dans nos démocraties en crise, qui doutent parfois des principes qui les fondent, on voudrait se rabattre sur une « figure » unificatrice qui panserait à elle seule les maux de la nation.
L’homme universel
Nelson Mandela (1918-2013) a incarné le pardon et la réconciliation, après sa libération en 1990 et pendant son mandat unique de président de l’Afrique du Sud, entre 1995 et 1999 ; sa mort a provoqué un chœur d’hommages unanimes. Les contresens sur son parcours, sur la valeur de son combat aujourd’hui, n’ont pas manqué, parfois simplement ridicules (Rama Yade déclarant qu’il était un symbole de la lutte contre le communisme), parfois criminels (Bachar al-Assad saluant un défenseur de la paix et de la fraternité). Depuis longtemps déjà, Mandela était devenu une icône des médias et du marketing, comme Gandhi, Che Guevara ou Martin Luther King. Un profil sur un T-shirt, une invocation rituelle dès que l’on parle de lutter contre l’injustice.