Les tournants de la crise financière (entretien)
Après la crise, il n’y aura pas de retour au statu quo. Même si les bonnes résolutions émises lors des précédentes crises financières sont restées lettre morte, les États, seuls capables de réagir dans l’urgence, auront des contreparties à demander aux acteurs financiers. Ceux-ci ne pourront plus rejeter les contrôles publics au nom de leur compétence et de leur clairvoyance.
Esprit – Le gouvernement américain a réagi à la crise financière selon deux modalités. Il a laissé se faire d’une part certaines faillites (pour « punir les fautifs » ?) mais il est aussi intervenu d’autre part de manière spectaculaire pour éviter un effondrement général du système financier. Comment apprécier cette double attitude ? Est-ce cohérent ?
Bruno Biais – Gouvernements et régulateurs font face à un dilemme classique. D’une part, il est important de sanctionner les errements des banquiers, ne serait-ce que pour dissuader leurs successeurs de les imiter – en termes techniques, il s’agit là d’un problème d’aléa moral1. D’autre part, la faillite de grandes institutions financières