
Laïcité : lettre de Londres
En France, la laïcité se présente comme un prisme obligatoire pour aborder les questions d’identité, d’immigration ou de terrorisme. Cette posture diffère de la pratique anglaise, qui cherche plutôt à instaurer une hygiène du débat, en évitant de confondre le discours sur la laïcité avec la lutte contre le terrorisme.
De l’affaire du foulard à Creil, en 1989, au projet de loi contre le séparatisme en 2021, la laïcité française est régulièrement mobilisée contre les dangers de l’islamisme1. Elle promet une double réponse, sécuritaire et éducative, à la radicalisation religieuse qui nourrit, avec une fréquence déprimante, la violence terroriste. L’objet privilégié de la laïcité française est donc le religieux pathologique.
Durant les trois dernières décennies, la laïcité s’est imposée comme le prisme conceptuel au travers duquel les controverses sur l’identité nationale, l’immigration, la crise scolaire et le terrorisme islamiste ont été interprétées. Si certains mettent le succès de ce refrain au compte de la spécificité idéologique de la doctrine républicaine française, d’autres y voient l’ombre portée sur le discours public par le Front national depuis le début des années 1980.
L’équation entre laïcité et mobilisation nationale contre le radicalisme islamiste est aujourd’hui presque parfaite. Chaque nouvel attentat terroriste appelle sa loi de « renforcement de la laïcité » – entendue comme le contrôle, par l’État, des groupes et des individus susceptibles de radicalisation extrémiste, et comme l’injonction faite aux musulmans de respecter les principes républicains de séparation entre le politique et le religieux. Laïcité « ouverte » et laïcité « tolérante » sont dénoncées comme des com