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Carte indiquant la localisation du Xinjiang (en rouge) à l’intérieur de la Chine
Carte indiquant la localisation du Xinjiang (en rouge) à l'intérieur de la Chine
Dans le même numéro

Les infrastructures de l’internement en région ouïghoure

janv./févr. 2022

La politique d’internement des populations musulmanes du Xinjiang pourrait concerner jusqu’à 3, 5 millions de personnes. Elle n’est que l’un des volets d’une vaste ingénierie ethnique mise en œuvre par l’État chinois. Du point de vue du droit, le génocide ouïghour ne fait plus de doute.

En 2017, les Ouïghours et autres minorités musulmanes (Kazakhs, Kirghizes) de la région autonome ouïghoure du Xinjiang (appelée Turkestan oriental par celles et ceux qui considèrent l’État chinois comme une puissance colonisatrice et illégitime depuis la conquête de la région en 1949) représentaient 2 % de la population totale de la Chine mais 21 % des arrestations1. Depuis lors, cette région de l’ouest de la Chine est caractérisée, par l’un des principaux spécialistes des politiques répressives chinoises dans la région, comme le « plus vaste complexe de détention de minorités ethniques ou religieuses depuis l’Holocauste2 ». L’année 2017 marque un véritable tournant du fait de l’accélération inédite de la construction ou de l’extension des infrastructures d’internement – systématiquement appelés « camps » par les anciens détenus – destinées majoritairement aux populations musulmanes. Cette politique s’articule autour du triptyque « emprisonnement, détention, rééducation » de la population adulte et repose sur un internement au sein d’établissements de natures diverses, des prisons de haute sécurité aux centres de rééducation et de formation par le travail, en passant par les centres de détention et enfin les camps de travail (laogai) au sein du Corps de production et de construction du Xinjiang (Bingtuan3). Il serait cependant justifié d’intégrer à ceux-ci les pensionnats et les orphelinats comme forme d’internement juvénile, ce qui est généralement traité séparément dans les recherches effectuées jusqu’alors4.

Les fondements de ces politiques répressives ont été posés par le président chinois Xi Jinping dès 2014 ; elles se sont accélérées en 2016 avec la désignation de Chen Quanguo comme secrétaire du parti de la région ouïghoure, lequel a servi au Tibet de 2011 à 2016 où il fut l’architecte du système répressif, et avec la désignation de Zhu Hailun, comme haut responsable de la sécurité dans la région5. Jusqu’à la fin de l’année 2018, la Chine a nié l’existence des camps, puis a déclaré que les hommes et les femmes détenus étaient des étudiants qui suivaient une formation dans des centres de rééducation et qui en sortaient « diplômés »6.

L’internement vu du ciel

Les premières infrastructures d’internement ont commencé à être identifiées courant 2018, grâce à des méthodes modestes – « une connaissance du mandarin, un ordinateur et une connexion internet suffisaient7 » – par les chercheurs Timothy A. Grose ou Adrian Zenz à partir de documents officiels chinois publiés en ligne. Puis Shawn Zhang, étudiant en droit résidant au Canada, a effectué un travail plus poussé grâce à la géolocalisation et aux images satellites, données systématiquement confirmées par des informations, des articles et rapports officiels publiés, des témoignages d’anciens détenus ou des investigations de journalistes sur place ou couvrant la région8. Depuis lors, ces structures sont cataloguées au sein de bases de données produites par différents organismes aux moyens plus importants, financées en partie par des fondations américaines, mais pas seulement9. Des journalistes d’investigation ont aussi produit des données à l’échelle du Xinjiang dans un long reportage de terrain en cinq parties10. D’autres journalistes ont ciblé une structure particulière comme le complexe de Debanching (Dawanching), le plus grand à ce jour11. La diversification des sources de financements, des professions et des auteurs, le caractère systématique de leur travail et leur autonomie les uns des autres rendent ces données suffisamment fiables pour qu’elles soient consultées et prises au sérieux.

D’un organisme à l’autre, les méthodes sont assez similaires : elles placent toutes l’image satellite au cœur des recherches. Les données compilées et cartographiées sont en grande partie disponibles en ligne. À partir de données fournies par l’ASPI, la NGIA – en collaboration avec la Rand Corporation – a analysé ces images satellites de nuit afin de mesurer l’intensité de l’activité électrique et, en conséquence, de l’activité humaine, ainsi que son évolution dans le temps12. Ces recherches permettent de conclure que la période de développement rapide des constructions et extensions de nouvelles infrastructures s’étend sur 36 mois, de début 2016 à début 2019. Les chercheurs de l’UTJD se fondent, pour leur part, sur des documents officiels, des reportages, des documents confidentiels révélés13, des ressources disponibles sur les réseaux sociaux et des témoignages d’anciens détenus14 pour localiser les structures et les étudier grâce à l’image satellite.

Structures et détenus

D’un côté, les hautes montagnes du Tian Shan ; de l’autre, le désert. La région est facile à contrôler. Comme le montre la carte interactive de l’ASPI, la quasi-totalité des sites d’internement situés en région ouïghoure se trouve à la frontière sino-centrasiatique, avec une concentration importante dans le Sud-Est, autour des villes de Kuldja, de Kashgar, de Yarkand, de Hotan et près d’Urumqi plus au nord. À ce jour, l’ASPI dénombre 385 structures visibles sur la carte15. Les journalistes de Buzzfeed News en ont comptabilisé 26816, alors que l’UTJD en totalise 578, dont 234 centres de rééducation, 257 prisons et centres de détention et 87 camps de travail, intégrés aux exploitations du Bingtuan17. Ces estimations concernent les constructions nouvelles ou extensions réalisées depuis 2017 sur des sites sécurisés ; les chiffres totaux les plus élevés à ce jour sont ceux d’Adrian Zenz avec 1 300 à 1 400 centres d’internement extrajudiciaire (sécurisés ou non)18.

Les chercheurs de l’UTJD et l’ASPI se rejoignent sensiblement dans une même démarche en classant ces structures en fonction du degré de sécurisation des sites : présence d’un mur d’enceinte, nombre de pylônes d’éclairage, présence et nombre de tours de garde, clôtures barbelées ou électrifiées intérieures et/ou extérieures. Tous ces éléments sont visibles sur les images satellites en zoomant au maximum, sur Google Maps par exemple (mode relief) ou Google Earth. Ainsi, quatre catégories ont été retenues par l’ASPI : les centres de rééducation faiblement sécurisés qui visent officiellement à la déradicalisation par un endoctrinement poussé, généralement ouverts aux visites de journalistes et de diplomates ; les centres de rééducation sécurisés (barbelés, mur d’enceinte et tour de garde, proximité d’usines) ; les centres de détention qui enferment hommes et femmes sans aucune décision de justice préalable (une seule entrée, plusieurs lignes de barbelés et de murs d’enceinte, séparation des bâtiments des détenus de ceux où résident les gardes et le personnel administratif) ; enfin, les prisons de haute sécurité qui font partie du système officiel de justice pénale (présence d’un pont unique qui relie les bâtiments de l’administration aux structures carcérales19).

La taille des bâtiments est là encore déterminée par l’image satellite qui, en fonction du logiciel utilisé, permet la mesure au sol dès les premières fondations (la version Google Earth Pro permet de voir l’évolution dans le temps de la construction), ce qui donne une idée relativement claire de l’architecture intérieure et du volume des cellules. Parmi les infrastructures les plus grandes, dénommées « villes-prisons » par les chercheurs de UTJD car y coexistent au moins trois sites d’internement en une même enceinte (centre de rééducation, centre de détention et usines, souvent caractérisées par des toits bleus), se trouvent le complexe pénitentiaire situé à Aksu, qui serait composé de deux camps de 18 000 et 33 000 personnes20, ainsi que celui de Debanchang, de la surface de Central Park, qui enfermerait 50 000 personnes environ selon BuzzFeed News mais entre 74 000 et 94 000 selon les chercheurs de UTJD21.

Le nombre global de personnes internées reste difficile à estimer.

Cependant, le nombre global de personnes internées reste difficile à estimer du fait de l’absence de statistiques officielles publiées, des entrées et sorties des détenus – la durée de la période de détention varie de quelques mois à 18 mois en moyenne dans les centres de rééducation –, le déplacement de ces détenus d’une structure à l’autre et enfin du possible nombre de détenus par cellule. Selon les témoignages recueillis par XVD et les dépositions des anciens détenus au Tribunal ouïghour par exemple, la surpopulation des cellules est la norme. En 2017, la limite haute proposée par A. Zenz était de 1, 8 million de personnes faisant l’objet d’un internement extrajudiciaire, soit 15, 4 % de la population adulte du Xinjiang22. L’UTJD, pour sa part, propose plutôt de calculer la capacité potentielle des infrastructures en se fondant soit sur le nombre de détenus par cellule (déterminé par les témoignages), soit sur la taille des cellules ; les chiffres varient ainsi de 2, 36 millions à 3, 48 millions23. Pour donner une idée de l’ampleur du phénomène, chaque foyer ouïghour (et autres minorités musulmanes du Xinjiang) aurait au moins un membre interné, le plus souvent des hommes chefs de foyer en âge de procréer, ce qui entraîne une diminution du taux de natalité, en plus du contrôle répressif des naissances, et une paupérisation importante de la population24.

Ingénierie ethnique

La focale portée ici sur le seul système d’internement ne doit pas faire oublier que les politiques répressives et assimilatrices de l’État chinois en région ouïghoure sont le produit d’une ingénierie ethnique et démographique bien plus vaste, visant un groupe cible au prétexte d’une politique généralisée de lutte contre le terrorisme, l’extrémisme et le séparatisme. Elle a divers aspects : acculturation-sinisation par l’école, surveillance intrusive, massive et systématique, contrôle des naissances (stérilisation forcée, avortements tardifs), recueil de données biologiques et biométriques, travail forcé, déplacements de populations (transfert de main-d’œuvre ouïghoure vers le centre de la Chine et colonisation de peuplement han en région ouïghoure), ou encore très forte suspicion de prélèvement forcé d’organes. Une inconnue demeure, celle relative aux meurtres de masse, qui ne fait pas de doute pour les instituts Newlines et Raoul Wallenberg25, mais suscite plus de prudence de la part d’autres chercheurs, sans possibilité de preuves croisées tangibles. L’ensemble des éléments précités ont alarmé la communauté internationale : le « génocide » ou le « risque sérieux de génocide » a été retenu par certaines résolutions parlementaires au Canada, aux Pays-Bas, en République tchèque, en Belgique… À noter également les innovations en droit, comme le montre, entre autres, la plainte déposée par plusieurs ONG françaises contre des géants du textile accusés d’avoir profité du travail forcé de Ouïghours en Chine ; une enquête est ouverte depuis fin juin par le Parquet national antiterroriste pour « recel de crime contre l’humanité26 ». Amnesty International avait également dénoncé plusieurs crimes contre l’humanité commis en région ouïghoure27.

Après plus d’un an et demi de travail28, le Tribunal ouïghour a rendu son jugement le 9 décembre 2021 au regard de la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide de 1948 et de la Convention contre la torture de 1984. Ont été retenus : la torture ; les crimes contre l’humanité pour faits de déplacements forcés, emprisonnement, viols et violences sexuelles, stérilisation forcée, persécution, disparitions inexpliquées et autres actes inhumains ; et le crime de génocide en vertu de l’article II de la Convention de 1948. Bien plus qu’une « décision symbolique » au regard des crimes commis, le Tribunal a mené son instruction avec une équipe de recherche composée d’une trentaine de personnes. Trois sessions d’auditions ont été organisées en juin, en septembre et en novembre 2021 durant lesquelles se sont exprimés plus de trente témoins des faits, d’anciennes détenues en particulier, torturées et violées pour la plupart ; une quarantaine d’experts en droits humains, de journalistes d’investigation et de témoins de contexte, chercheurs en poste dans des universités britanniques et américaines, qui ont fait part de leurs recherches, fondées sur de nombreuses études sur le terrain entreprises de longue date et jusqu’à 2018 environ. Les documents produits par le Tribunal (dépositions, auditions, jugement) sont disponibles en ligne. Ils constituent une base de connaissances incroyablement riche sur la nature des crimes, les mécanismes et les ressorts de cette violence systématique et planifiée, tout comme ils révèlent les conséquences directes et traumatiques de cette violence sur les individus, ou établissent une chaîne de responsabilités historiques. Du point de vue des sciences sociales, le génocide était déjà une certitude, la preuve de l’intentionnalité reposant sur l’observation de faits objectifs de destruction, répétés et planifiés, qui visent un groupe en tant que tel. Du point de vue du droit, celui-ci ne fait plus de doute. Y en aura-t-il encore pour affirmer que « la lune est faite de roquefort29 » ?

Cet article a bénéficié des commentaires et remarques de Christian Ingrao et Alexandre Toumarkine. Je remercie très chaleureusement Abduweli Ayup. Ces recherches ont par ailleurs été conduites grâce à un soutien de l’ANR Shatterzone (ANR-19-FGEN-0001-01).

  • 1. Chris Buckley, “China’s prisons swell after deluge of arrests engulfs Muslims”, The New York Times, 31 août 2019.
  • 2. Adrian Zenz, dans Richard Cookson, How to Brainwash a Million People [vidéo en ligne], BBC News, novembre 2019.
  • 3. Organisation gouvernementale économique et paramilitaire propre à la région, spécialisée dans la production de coton et de tomates notamment, et qui intensifie la colonisation de peuplement han.
  • 4. Entre 2017 et 2019, le nombre d’enfants séparés de leur famille et placés a augmenté de 76, 9 %, passant d’environ 500 000 à 880 000, selon les données d’un document de planification du ministère de l’Éducation. Voir The Uyghur Genocide: An Examination of China’s Breaches of the 1948 Genocide Convention [en ligne], Newlines Institute for Strategy and Policy/Raoul Wallenberg Centre for Humans Rights, mars 2021, p. 34. Le rapport a été traduit en français par Eleanor J. Hart pour l’Institut ouïghour d’Europe. Voir aussi A. Zenz, “Break their roots: Evidence for China’s parent-child separation campaign in Xinjiang” [en ligne], Journal of Political Risk, vol. 7, no 7, juillet 2019.
  • 5. Voir The Uyghur Genocide, op. cit., p. 46-48 ; et surtout, A. Zenz, “The Xinjiang Papers: An Introduction” [en ligne], The Uyghur Tribunal, novembre 2021.
  • 6. Voir A. Zenz, “‘Wash brains, cleanse hearts’: Evidence from Chinese government documents about the nature and extent of Xinjiang’s extrajudicial internment campaign”, Journal of Political Risk, vol. 7, no 11, novembre 2019.
  • 7. Sigal Samuel, “Internet sleuths are hunting for China’s secret internment camps for Muslims”, The Atlantic, 15 septembre 2018.
  • 8. Voir la liste établie d’avril 2018 à août 2019 : medium.com/@shawnwzhang. En français, on peut lire Gulbahar Haitiwaji et Rozenn Morgat, Rescapée du goulag chinois. Premier témoignage d’une survivante ouïghoure, Paris, Éditions des Équateurs, 2021 ; Sayragul Sauytbay et Alexandra Cavelius, Condamnée à l’exil. Témoignage d’une rescapée de l’enfer des camps chinois, trad. par Sophie Lecoq, Paris, Hugo et Compagnie, 2021 ; et l’entretien avec Gulbahar Jalilova, « Nous ne sommes pas des êtres humains pour eux » [vidéo en ligne], Mediapart, 22 novembre 2020.
  • 9. C’est le cas notamment de la Fondation nationale pour la démocratie, mais aussi de dons de particuliers. Il s’agit en particulier de la Base de données pour une justice transitionnelle ouïghoure (UTJD), de la Base de données sur les victimes du Xinjiang (XVD), de l’Institut australien de politique stratégique (ASPI) ou de l’Agence nationale (américaine) de renseignement géospatial (NGIA).
  • 10. Sur la base d’images satellites, d’expertise en architecture et d’interviews avec d’anciens détenus, Megha Rajagopalan, Alison Killing et Christo Buschek, “China secretly built a vast new infrastructure to imprison Muslims” [en ligne], BuzzFeed News, août 2020-juillet 2021. Cette série de reportages a valu à leurs auteurs le prix Pulitzer du reportage international en 2021.
  • 11. John Sudworth, “China’s hidden camps: What’s happened to the vanished Uighurs of Xinjiang?” [en ligne], BBC News, 24 octobre 2018.
  • 12. Cette technique a été utilisée pour connaître les activités économiques de l’État islamique en Syrie et en Irak : voir Eric Robinson, Daniel Egel, Patrick B. Johnston, Sean Mann, Alexander D. Rothenberg et David Stebbins, When the Islamic State Comes to Town: The Economic Impact of Islamic State Governance in Irak and Syria, Santa Monica (CA), Rand, 2017.
  • 13. Notamment les China Cables, selon l’enquête coordonnée par le Consortium international des journalistes d’investigation, novembre 2019. Voir aussi A. Zenz, “The Xinjiang Papers”, art. cité.
  • 14. Voir la bibliographie, régulièrement mise à jour, du Uyghur Human Right Project (UHRP).
  • 15. Voir le Xinjiang Data Project. L’ASPI répertorie également les sites culturels et religieux détruits, abîmés ou disparus.
  • 16. Quatre-vingt-douze ont pu être confirmés par d’autres sources fiables (19 centres ont été visités par des journalistes), les 176 autres l’ont été par l’image satellite seule. Voir M. Rajagopalan, A. Killing et C. Buschek, “China secretly built…”, art. cité.
  • 17. Déposition de Muetter Illiqud, Tribunal ouïghour, 12 septembre 2021, complétée par plusieurs entretiens.
  • 18. A. Zenz, “‘Wash brains, cleanse hearts’”, art. cité.
  • 19. Voir les modélisations 3D d’une ancienne école reconvertie en 2017 en centre de rééducation située à Kashgar, du centre de rééducation de Yengisheher, du centre de détention de Onsu et de la prison de Makit sur sketchfab.com/NathanRuser-ASPI.
  • 20. Déposition d’Ethan Gutmann, Tribunal ouïghour, 7 juin 2021. Voir aussi Gulchehra Hoja, “Internment camps in Xingjiang Aksu separated by crematorium”, Radio Free Asia, 13 novembre 2020.
  • 21. Voir M. Rajagopalan, A. Killing et C. Buschek, “China secretly built…”, art. cité. En 2018, S. Zhang estimait le nombre de détenus à 10 000. Vu la surpopulation carcérale, telle qu’elle est évoquée par de très nombreux témoignages d’anciens détenus, une estimation très haute proposée par Guymer Bailey Architects atteint les 130 000 personnes : voir J. Sudworth, “China’s hidden camps”, art. cité.
  • 22. A. Zenz, “‘Wash brains, cleanse hearts’”, art. cité.
  • 23. Déposition citée de Muetter Illiqud.
  • 24. A. Zenz, “‘Wash brains, cleanse hearts’”, art. cité.
  • 25. The Uyghur Genocide, op. cit., p. 26-27.
  • 26. François Bougon, « Ouïghours : une enquête ouverte en France contre Uniqlo et des géants pour “recel de crimes contre l’humanité” », Mediapart, 1er juillet 2021.
  • 27. Notamment du fait de l’emprisonnement et de la privation de liberté physique en violation avec les règles du droit international, de la torture, et de la persécution : voir « Comme si nous étions ennemis de guerre ». Internements, torture et persécutions perpétrés à une échelle massive contre les musulmans du Xinjiang, Amnesty International, juin 2021.
  • 28. Sur une demande de Dolkun Isa, président du Congrès mondial ouïghour, adressée en juin 2020 à Sir Geoffrey Nice, président du Tribunal ouïghour et ancien procureur général du procès de Slobodan Milošević.
  • 29. Pierre Vidal-Naquet, Les Assassins de la mémoire. « Un Eichmann de papier » et autres essais sur le révisionnisme [1987], Paris, La Découverte, 2005, p. 9.

Cloé Drieu

Historienne, chargée de recherche au CNRS au sein du Centre d’études turques, ottomanes, balkaniques et centrasiatiques (CETOBaC), elle a notamment publié Fictions nationales. Cinéma, empire et nation en Ouzbékistan (1924-1937) (Karthala, 2013).

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