
La moitié du ciel ?
En dépit de certaines avancées notables depuis sa fondation, la République Populaire de Chine fait aujourd’hui partie des pays où le droit des femmes est le moins respecté. En témoigne l’importance du trafic d’êtres humains et des situations d’esclavage desquels les femmes chinoises sont très souvent victimes, et qui font l’objet d’une complicité réelle des autorités.
Au moment où Pékin célébrait de mille feux les Jeux olympiques pour la seconde fois, la confiance d’un grand nombre d’internautes chinois en la puissance et la modernité du pays ainsi mises en scène a été sérieusement bousculée par le sort d’une femme réduite à l’état d’esclave sexuelle, dans un village dépendant de la ville de Xuzhou, au sud-est de la Chine. Tout est parti d’une courte vidéo mise en ligne le 28 janvier 2022, une semaine avant l’ouverture des Jeux. Elle montrait cette femme, peu vêtue, dans un froid hivernal, cadenas au cou, enchaînée dans un taudis. Sous les feux des questions des internautes indignés, les autorités locales, après des communiqués contradictoires, ont fini par confirmer les soupçons : cette femme, mère de huit enfants de 2 à 23 ans, dont sept garçons, a bien été victime de kidnapping et vendue à plusieurs reprises. Elle a été ensuite mariée à l’homme qui vit à côté de son taudis, avec les enfants… Le succès économique de la Chine tend à faire oublier qu’un grand nombre de femmes chinoises y sont encore victimes de ce genre de trafic. De quoi faire douter de la réalité de l’égalité des droits de la « moitié du ciel » en Chine.
Réduites à l’état d’esclave
Certes, le trafic d’êtres humains, surtout de femmes, n’est pas une situation propre à la Chine. Ce qui est particulier, c’est que ces victimes y sont surtout destinées à être mariées, la plupart du temps à des hommes pauvres dans des régions reculées, pour faire des enfants