
Le défi russe
Dans cet entretien, Michel Foucher évoque, à travers la question de la crise de 2008 en Géorgie, les fondamentaux de la politique et de la stratégie de la Russie à l'égard de son étranger proche.
Esprit – L’affrontement entre la Russie et la Géorgie en août 2008 semble s’inscrire dans le contexte dit des « conflits gelés » qui concernent l’étranger proche de la Russie. Quels sont ces conflits et quelle est l’attitude de la Russie sur ce sujet ? La question des minorités y est-elle vraiment importante ?
Michel Foucher – Le terme de « conflit gelé » désigne des enclaves situées dans des États devenus indépendants en 1991 et dont les traits communs sont : un état de sécession de minorités par rapport au nouvel État englobant, proclamé après des actions violentes et des guerres dans la période 1988-1992 en Moldavie (Transnistrie), en Géorgie (Abkhazie et Ossétie du Sud) et en Azerbaïdjan (Haut-Karabakh) ayant débouché sur des cessez-le-feu garantis par des forces dites d’interposition, russes le plus souvent (sauf au Karabakh), développant des activités illicites aux profits largement répartis et ayant vu dans la reconnaissance de l’indépendance du Kosovo un effet d’aubaine pour prétendre à l’octroi d’un statut comparable.
Dans tous les cas, on relève une permanence de la stratégie politique russe sur ses anciennes marches : tirer parti des contradictions entre « nationalités » et des erreurs des pouvoirs centraux à l’encontre des minorités pour avoir prise sur les orientations des majorités gouvernant les