S'engager pour la culture
Lors d’un de ses meetings de campagne, Emmanuel Macron évoque un affrontement entre Paul Ricœur et des soixante-huitards. Ceux-ci lui demandent d’où il tient sa supériorité ; Ricœur répond : « De mes lectures. » Faut-il tracer un lien entre cette anecdote et la nomination d’une éditrice à la tête du ministère de la Culture ? Ce serait un raccourci facile ; mais nul ne saurait douter que le président nouvellement élu ait le respect des idées et des livres. Et c’est une belle nomination que celle de Françoise Nyssen, qui allie des qualités intellectuelles et morales à un parcours remarquable, et dont le profil tranche avec celui des femmes qui l’ont précédée, au visage plus technocratique ou politique.
De la maison d’édition Actes Sud qu’elle dirige depuis le décès de son père, et jusqu’à sa prise de fonction, plusieurs traits méritent d’être soulignés. Parmi ceux-là : la province, la diversité, l’exigence, l’ouverture. L’histoire de la maison montre que l’on peut éditer les plus grands auteurs, venus du monde entier (Svetlana Alexievitch, Paul Auster, et tant d’autres), depuis une ville de province de taille moyenne, Arles ; que l’on peut y lancer de grands succès (tel Millenium de Stieg Larsson), et ancrer cette aventure dans un projet plus large, qui fait d’Actes Sud un acte