Du tournant linguistique au temps du vivant ? Le moment du vivant (I)
Le moment du vivant (I1)
Il peut paraître inutile, devant l’urgence de certains problèmes pratiques, de chercher à comprendre aussi ce qui se passe en philosophie. Ces deux tâches sont pourtant inséparables. Ce n’est pas seulement que les urgences mêmes du présent en appellent à une réflexion philosophique qui, de son côté, se mutilerait en se coupant de cette expérience dont on sent bien qu’elle ne soulève pas seulement des inquiétudes vagues (quoique intenses) mais des interrogations nouvelles, qu’il faut donc préciser. Mais c’est aussi que les problèmes philosophiques eux-mêmes donnent l’impression aujourd’hui, dans une confusion relative, de se transformer. Plutôt donc que de prétendre confronter l’actualité et la philosophie, en général, comme si l’une était muette en elle-même et l’autre éternelle ou immuable, il s’agirait de faire converger deux basculements encore confus, pour les éclairer l’un par l’autre. Pour ouvrir à cette tâche, on commencera donc ici par un diagnostic très général sur le basculement qui semble se produire en philosophie, en indiquant en quoi c’est justement parce qu’il ne s’agit pas d’un passage simple, en quelque sorte terme à terme, d’un problème à un autre, que l’on rejoint les questions, elles-mêmes complexes, du présent.