Pour un vitalisme critique
La vie n’est pas une essence fixe, une valeur absolue, n’en déplaise à ceux qui s’en font aujourd’hui les chantres. Ce qui est irréductible dans le vivant, ce sont les différences, les résistances, les relations ; mais le vivant demeure, on ne peut en faire abstraction. Plutôt que d’opposer la vie à quelque chose qui lui est extérieur (la mort, l’esprit, la liberté), il faut analyser ces contradictions au sein même du vivant.
Le vitalisme critique que nous défendrons ici serait facile à comprendre et à appliquer, si l’une de ses conséquences inévitables n’était justement de se traduire dans des tensions et même des contradictions au sein de la vie humaine.
En quoi consistent en effet ses thèses principales ? Elles sont simples à énoncer. Le vitalisme critique consiste bien à soutenir (comme tout « vitalisme ») qu’il y a quelque chose d’ultime et d’irréductible dans « la vie », mais que justement il ne s’agit pas de « la vie » entendue comme une essence ou une valeur simple et univoque. Comme toute démarche critique (c’est même là ce qui définit selon nous la critique en général), le vitalisme critique consiste en effet à opérer une distinction de principe (et donc irréductible)