
L'Occident fatigué du Moyen-Orient
La fatigue de l’Occident à l’égard du Moyen-Orient s’exprime dans son repli stratégique, son incapacité à comprendre la géopolitique de la région et ses propres crises économiques et institutionnelles. Elle favorise le retour de la Russie comme puissance mondiale.
Dans plusieurs travaux, antérieurs ou à paraître, nous avions évoqué l’existence d’une « fatigue sociale » dans nombre de pays du Moyen-Orient dans les années 1990 et 2000. Au-delà des processus de démobilisation qu’on observait alors, celle-ci s’expliquait par un double facteur contradictoire :
D’un côté, le mouvement perpétuel provoque, par un effet paradoxal, un sentiment de vide de sens ; de l’autre côté, l’absence de confiance dans les repères temporels pousse tout un chacun à un repli sur un cadre strictement individuel, familial et dans certains cas, de socialisation à proximité. Alors que le passé, évanoui, cesse d’être une ressource de conscience, de mémoire, de fierté, ou de force, l’avenir cesse d’être appréhendé comme le temps des possibilités ou d’un empowerment de diverses composantes de la société1.
Tout indique que la décennie 2010 est marquée par une nouvelle fatigue, mais il s’agit cette fois-ci de celle des puissances occidentales à l’égard du Moyen-Orient, voire au monde musulman et à l’islam.
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Les temps de la lassitude
Cette Middle East fatigue peut s’expliquer par trois temporalités qui ne sont pas