
Le chantier de la citoyenneté urbaine
La ville apparaît aujourd’hui comme le cadre privilégié pour revendiquer l’exercice de la citoyenneté. Pourquoi cette échelle intermédiaire, longtemps mal aimée dans un pays écartelé entre la petite commune et l’État central, s’impose-t-elle aujourd’hui ? Parce que cette échelle est la plus révélatrice des transformations de nos sociétés mais aussi que peut s’y jouer le conflit entre deux conceptions de l’action du citoyen : la responsabilité individuelle ou la constitution d’un pouvoir collectif.
L’expression de citoyenneté urbaine connaît depuis une quinzaine d’années une fortune croissante. Deux arguments sont principalement avancés pour la justifier. En premier intervient la mondialisation qui fait des villes, de celles du moins qui reçoivent le qualificatif de « métropoles », des lieux de convergence des cultures par rapport auxquels le territoire de la citoyenneté nationale apparaît plus pauvre. Les conférences tenues sous l’égide d’organismes supranationaux comme l’Onu avec Habitat I et II ou certains groupements de municipalités en pointe sur des sujets comme la démocratie participative comme Montréal, Porto Alegre ou Barcelone ont largement contribué à cette promotion1. En second viennent les émeutes dites justement « urbaines » et qui captent l’attention parce qu’elles apparaissent comme bien distinctes des manifestations liées à la défense des droits sociaux, montrant plutôt la colère d’une population à laquelle ces droits sociaux ne permettent pas de se faire une place conséquente dans la société.
Mais ces deux phénomènes ne sont pas nouveaux &a