Multiples Moïse
Repère
Multiples Moïse
Depuis de longues années, Jean-Christophe Attias s’attache à « penser le judaïsme ». Ce fut même le titre d’un livre, copieux, roboratif, publié en 2010 aux éditions du Cnrs. Il s’y exerce avec précision mais aussi avec humour, aimant volontiers prendre les évidences de son lecteur à contre-pied. Les Juifs et la Bible1 avait scruté les rapports du Livre et du peuple qui s’y rattache d’une manière telle qu’il le produit et le déconstruit simultanément – comme un mode d’être au monde.
Cette fois-ci, c’est vers la figure de Moïse qu’Attias se tourne pour en dresser un portrait si ébouriffant qu’il lui a valu, et c’est mérité, le prix Goncourt de la biographie. Moïse, plutôt qu’Abraham, le père des croyants. Moïse, plutôt que Josué, le conquérant de Canaan. Moïse, parce que précisément, il n’est pas entré en Terre promise ; Moïse, parce qu’on ne lui connaît pas de tombeau où lui élever un culte ; Moïse, parce que Cecil B. de Mille en a fait un héros kitschissime…