De la certitude d'être surpris
Et si la difficulté à prévoir le krach ne relevait pas d’un défaut de compétence ni de prudence mais plutôt d’un « catastrophisme diffus » ? Plaidant depuis plusieurs années pour un « catastrophisme éclairé », l’auteur montre pourquoi on ne peut plus considérer les événements extrêmes comme rares et souligne que l’optimisme économique fait partie des mécanismes renforçant la marche à la catastrophe.
Pour ceux qu’on appelle les « gouvernants » ou les « dirigeants » de la planète, la crise du capitalisme financier est derrière nous. C’est comme si elle n’avait jamais eu lieu. La « refondation du capitalisme » avait pour objectif de le remettre sur les rails. C’est fait. Pour les économistes, y compris les meilleurs, comme ceux qu’Esprit interroge ce mois-ci, les mécanismes qui ont conduit à la crise sont, en gros, élucidés. Tout s’explique rétrospectivement, ou presque. Et, cependant, la crise a frappé tout le monde par surprise. De même, peut-être, que les commanditaires des attentats du 11 septembre 2001 ne s’attendaient pas à ce que l’impact des avions fous sur les tours jumelles les fasse s’écrouler, personne, ou presque, n’imaginait durant l’été 2007,