
Le paradoxe de Zadig
Big data et sécurité
Dans le conte philosophique de Voltaire, on peut lire un exemple du paradoxe de la prévention des crimes annoncés. Pour le résoudre, il faut tenir compte de l’effet de la prophétie sur l’événement prophétisé. Ainsi pour la catastrophe écologique.
La prévention des crimes annoncés mène à l’un des plus vieux paradoxes pragmatiques auquel se heurte l’humanité depuis qu’elle se pose des problèmes éthiques. À l’ère des big data et du deep learning[1], ce paradoxe trouve à s’incarner dans des institutions nouvelles.
Un très ancien paradoxe
Sans remonter aux Anciens ni à la Bible, on en trouve une version particulièrement efficace dans Zadig, le conte philosophique que Voltaire a concocté pour tourner en dérision la théodicée de Leibniz. Lorsque le héros éponyme voit l’ermite qui l’accompagne dans ses pérégrinations assassiner le neveu de leur hôtesse de la veille, il est effaré. Comment, se révolte-t-il, tu ne trouves point d’autre récompense pour la générosité de notre bienfaitrice que ce crime affreux ? À quoi l’ermite, qui n’est autre que l’ange Jesrad, le porte-parole du système leibnizien, répond : si ce jeune homme avait vécu, il aurait tué sa tante dans un an puis, l’année d’après, il t’aurait assassiné, Zadig. Comment le sais-tu ?, s’écrie celui-ci. La réponse :