
Kler
Ces dernières années, la Pologne nous a habitués à des enthousiasmes nationaux-catholiques excessifs. Or voilà que sort un film de fiction polonais qui se gausse des péchés du clergé. Il s’intitule Kler (Le Clergé), c’est le cinquième réalisé par Wojciech Smarzowski, avec à l’affiche quelques-uns des acteurs les plus populaires du moment. Le sujet : la vie de trois prêtres qui se soûlent volontiers ensemble et de quelques évêques dans la Pologne d’aujourd’hui. L’envers de l’Église et ses péchés : corruption, pédophilie, concubinage, cynismes, exploitation des fidèles, arrangements douteux avec les politiciens. Ces trois prêtres, sur les 30 000 que compte le pays, méritent-ils le caractère généralisateur du titre ? C’est ce que semble considérer le public. Prix spécial du jury au festival du film polonais de Gdynia en septembre, la rumeur s’est répandue et quand, le 28 septembre, il est sorti couvert d’insultes par la presse du régime conservateur, les foules se pressaient dans les salles. Les multiplex ont dû improviser et lui attribuer tous leurs écrans. Dans un pays où la fréquentation des salles de cinéma est plutôt modeste, 900 000 spectateurs se sont présentés. Du jamais vu depuis 1989 ! Et ça s’est poursuivi. Quinze jours plus tard, on en était à cinq millions. Les salles se remplissaient un quart d’heure avant le début de la séance, avec des files d’attente impressionnantes, et dans la salle un silence spécial, une sorte de gravité brisée de temps en temp