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Dans le même numéro

Didier Fassin : la Force de l'ordre. Une anthropologie de la police des quartiers

mars/avril 2012

#Divers

Librairie

Didier Fassin, La Force de l’ordre. Une anthropologie de la police des quartiers, Paris, Le Seuil, coll. « La couleur des idées », 2011, 408 p., 21 €

Didier Fassin a mené une enquête auprès d’une brigade anti-criminalité (Bac) de la région parisienne, dans une zone de banlieue populaire. Les observations qu’il en rapporte sont préoccupantes, quoiqu’elles confirment ce que d’autres enquêtes avaient déjà pu montrer (celle sur les contrôles d’identité conduite par Fabien Jobard et René Lévy, Police et minorités visibles, Open Society Justice initiative, 2009), ce que de nombreux faits divers laissaient pressentir et ce que les habitants ne cessent de dire : les contrôles d’identité au faciès sont la règle, visant systématiquement les jeunes hommes issus de l’immigration, même s’ils sont bien connus par les policiers qui les contrôlent ; le racisme et l’humiliation sont omniprésents ; les dérapages brutaux sont fréquents, afin d’ouvrir des procédures pour « outrages et rébellion ».

Une bonne part de ces comportements peut s’expliquer (et non s’excuser) par les caractéristiques sociologiques des fonctionnaires concernés : des hommes jeunes (de quelques années plus âgés seulement que les jeunes auxquels ils ont affaire), la plupart du temps blancs, provinciaux, qui n’ont pas grandi dans les cités, donc ne les connaissent pas, et en ont une représentation fantastique et terrifiante. Par ailleurs, l’auteur insiste sur un point décisif : la routine et l’ennui de leur travail. Alors que le processus d’enquête pour élucider un délit est long et fastidieux, souvent infructueux, le contrôle au hasard d’une sortie provoquée par un appel téléphonique ou en maraude permet à bon compte d’échapper à l’ennui. De plus, on maximise ainsi les chances de constater un délit (deux types de délits tiennent ainsi le haut du pavé : les étrangers en situation irrégulière, et la détention de stupéfiants, ce qui justifie a posteriori le ciblage ethnique et par âge de ces contrôles) ou de le provoquer (les « outrages et rébellion »). Ce faisant, on satisfait en outre aux consignes données par la hiérarchie de « faire du chiffre », afin d’améliorer les statistiques de l’efficacité policière.

L’injonction politique est en fait le principal facteur à l’origine des comportements qui sont ici rapportés. Elle concerne non seulement cet impératif de rendement, mais aussi le cadre général dans lequel ces interventions sont pensées et conduites : le discrédit jeté par Nicolas Sarkozy sur la « police de proximité » et sur toute forme de rapprochement entre la police et les habitants ; les modalités d’organisation des Bac elles-mêmes, qui disposent d’une très large autonomie par rapport à l’encadrement policier ordinaire ; les assurances maintes fois renouvelées de « couvrir » les forces de l’ordre en cas de dérapage ; les gestes et techniques d’interpellation enseignés dans les écoles de police ; et par-dessus tout l’appellation maintes fois attestée quoique non légalement validée de « zones criminogènes » pour désigner les quartiers de banlieue majoritairement habités par des immigrés ou des Français d’origine immigrée. Tout concourt à jeter la suspicion sur les habitants et au contraire à héroïser l’action policière conduite comme une confrontation brutale.

Cette injonction permanente et cette pression fournissent le cadre dans lequel cette police, aux comportements souvent critiqués, est utilisée.

L’imaginaire social des forces de l’ordre les amène en effet à construire des catégories relativement homogènes autour d’une polarité amis/ennemis qui complique la dichotomie précédente honnêtes gens/voyous. […] La grande différence qu’introduit la nouvelle dualité tient à ce qu’elle ne suppose plus une relation au délit ou à la loi. La distinction entre honnêtes gens et voyous reposait sur une présomption de culpabilité. La distinction entre amis et ennemis implique ce qu’on peut appeler un cadre de susceptibilité. Les habitants des cités, les membres des minorités et les jeunes de milieu populaire, avec un fort recoupement de ces trois sous-ensembles dans ce qui constitue la catégorie des « bâtards », sont définis comme susceptibles de commettre des délits ou de s’en faire les complices, activement ou passivement. Les policiers en patrouille dans ces quartiers sont donc fondés à contrôler sans discernement les jeunes des cités, mais aussi à les tutoyer ou à les rudoyer, tout en se gardant la possibilité, si les choses se passent mal, par exemple si des insultes ont été proférées ou des projectiles lancés, de généraliser ces pratiques à l’ensemble des habitants à l’occasion d’opérations punitives qui n’épargneront alors ni les adultes ni les enfants.

La « population ennemie » ainsi définie « peut s’étendre presque indéfiniment en fonction des circonstances, incluant le maire », les membres de l’association de locataires, les journalistes, les cinéastes qui prennent les cités comme sujet, et bien sûr les chercheurs en sciences sociales.

Le cas le plus commun mais aussi le plus troublant concerne les éducateurs et les animateurs chargés de s’occuper des adolescents au titre de la prévention spécialisée ou dans le cadre d’une maison de quartier. L’expérience est d’autant plus traumatisante pour ces professionnels qu’en les rangeant ainsi brutalement du côté des jeunes en difficulté, les policiers annulent toute possible autorité auprès de ces derniers et les réduisent à une condition sociale et raciale partagée avec leur public (au fond, tous les habitants des cités se ressemblent).

(p. 164-165)

La confrontation généralisée est à ce point la raison d’être de cette police et de sa doctrine d’emploi qu’il est clair, à la lecture de ce livre, que le comportement de cette police est, loin devant les causes sociales plus lointaines comme le chômage, l’échec scolaire ou les discriminations, une raison déterminante des émeutes que connaît sporadiquement la banlieue, et que le plus étonnant est qu’elles ne soient pas plus fréquentes et que des individus, citoyens français pour la plupart, supportent d’être ainsi traités.

Joël Roman

Alfred Loisy, La Crise de la foi dans le temps présent, Turnhout, Brépols, 2010, 732 p., 85 €

De la « crise moderniste » qui éclata dans l’Église catholique au début du xxe siècle, émerge toujours un nom, celui d’Alfred Loisy (1857-1940), symbole des victimes de l’« épuration » qui frappa les modernistes. Indépendamment des aspects intellectuels et scientifiques, le destin de Loisy, parmi tant de savants inquiétés par l’Église, émeut peut-être plus que d’autres, parce ce qu’il représente, dans l’histoire de la recherche biblique, une sorte de Galilée qui ne peut consentir entièrement à sa condamnation : il sait qu’il dit vrai, et que l’avenir lui donnera raison. Sur sa tombe d’Ambrières, près de Châlons-en-Champagne, l’inscription mentionne : « Alfred Loisy, prêtre », et, en latin, qu’il « est toujours resté attaché à Tes volontés » – manière de signifier sa fidélité dans la foi. Sous l’humilité et la modestie apparentes s’affirmait une ténacité – un orgueil selon les gens d’Église – inentamable. Exégète, donc spécialiste des sciences bibliques, Loisy ne pouvait rester indifférent au savoir critique accumulé au xixe siècle, et déjà auparavant, sur les origines chrétiennes. Mais il avait deux torts : celui de faire connaître publiquement ses réflexions et ses doutes ; et de le faire en étant prêtre de l’Église catholique.

Le savant qu’il est ne peut qu’enregistrer ce qui est devenu le savoir scientifique reçu mais qui est alors perçu comme scandaleux et destructeur par les autorités de l’Église catholique : par exemple, que l’Église primitive qui se sépare du judaïsme n’est pas sortie tout armée, pour ainsi dire, d’une volonté explicite de Jésus dans les évangiles ; et que les développements ultérieurs de cette Église n’ont pas grand-chose à voir avec l’Église primitive. Quand, dans les années 1890, il estime de surcroît qu’il faut changer « le régime intellectuel de l’Église catholique » et qu’il se met à l’écrire ouvertement, sa situation devient vite critique : il est écarté de l’Institut catholique de Paris en 1893 et… nommé aumônier d’un pensionnat tenu par des religieuses. Après quelques années de silence contraint, il est nommé professeur à l’École pratique des hautes études – une institution profane et donc un défi à l’Église –, puis au Collège de France en 1907, avant d’être excommunié en 1908. En 1902, il avait écrit un petit livre qui l’avait fait connaître d’un plus vaste public, l’Évangile et l’Église, contre l’Essence du christianisme du théologien libéral Adolf von Harnack, mais qui fut mal accueilli, car tout en critiquant Harnack, Loisy n’adhérait pas non plus aux thèses de l’Église sur son origine. Il ne sera jamais réintégré dans l’Église, et jamais réhabilité. Le paradoxe réside dans sa volonté durable, toute sa vie finalement (il meurt en 1940), de défendre l’Église catholique romaine, ou une autre Église catholique, alors qu’elle est cause de ses déboires et qu’il est un réprouvé auquel un bon catholique ne doit même plus parler, qui doit au contraire être « évité » (Loisy excommunié est vitandus, pour reprendre le mot latin du Droit canon).

La publication de la Crise de la foi dans le temps présent est due aux efforts de François Laplanche, historien de l’exégèse, malheureusement décédé en 2009. C’est un livre d’« apologétique » écrit après 1893, quand Loisy est contraint au silence, et il est resté inédit – Loisy ne s’y reconnaissait pas entièrement, il est vrai, quelques années plus tard. L’ensemble de l’histoire du salut telle que l’expose la théologie chrétienne est passé en revue – depuis les origines bibliques jusqu’à la fondation de l’Église et à la production de son « dogme » théologique. Loisy n’y est pas toujours très gentil, il se permet même des insolences et des propos d’une ironie grinçante. Mais sur le fond, malgré des passages datés, il avance avec modération ses questions, ses critiques, ses propositions ; elles deviendront monnaie courante des décennies plus tard, même dans l’Église la plus officielle ou la plus institutionnelle, et après le concile de Vatican II elles ne scandalisent plus que les ignorants et les obtus. L’avant-propos de Claude Langlois, les études de F. Laplanche (« Une Église immuable, une époque en mouvement »), R. Ciappa (« La réforme du régime intellectuel de l’Église catholique »), C. Théobald (« L’apologétique historique d’Alfred Loisy »), disent tout ce qu’il faut savoir sur ce texte impressionnant, publié plus d’un siècle après sa mise par écrit.

Jean-Louis Schlegel

Antonio Muñoz Molina, Dans la grande nuit des temps, Paris, Le Seuil, 2012, 760 p., 23 €

Dans ce seizième livre, foisonnant et précis à la fois, Antonio Muñoz Molina prolonge sa fresque historique autour de l’exil et affine son travail romanesque sur la mémoire blessée. Grâce à des qualités de conteur, une structure narrative ingénieuse, un sens aigu de l’observation, un ressenti profond de l’histoire de son pays, une compréhension empathique des faiblesses humaines, « l’étudiant en démocratie et en littérature », comme Molina se définit lui-même, élabore une plongée étourdissante au cœur de la guerre civile espagnole et d’une passion amoureuse.

Antonio Muñoz Molina est né en 1956 à Ubeda en Andalousie dans une famille de fermiers modestes. Il décrit une enfance bercée par les chansons populaires et les feuilletons diffusés par la radio, les histoires racontées par les femmes de la famille, en particulier sa grand-mère, les mélodrames vus au cinéma local, une fascination pour la langue anglaise, symbole de liberté, et la lecture de Jules Verne, Mark Twain ou Agatha Christie. Remarqué par ses professeurs et encouragé par son père, il quitte à dix-huit ans la terre rude de son village pour suivre des études de journalisme et d’histoire de l’art à Madrid et à Grenade. Le succès vient rapidement pour le journaliste et plus encore pour l’écrivain. En 1991, il obtient le prix Planeta en Espagne pour son deuxième roman, le Royaume des voix, et, en 1998, le prix Femina étranger lui est accordé pour Pleine lune.

Dans la grande nuit des temps est le roman le plus long et le plus abouti d’Antonio Muñoz Molina. La correspondance entre la matière historique de la guerre civile espagnole et la matière humaine, symbolisée par la relation amoureuse entre Ignacio Abel et sa jeune maîtresse, Judith Biely, donne une épaisseur inédite aux thèmes de l’anéantissement, de l’exil, de la perte, de la compromission, qu’ils soient conjugués sur un mode individuel ou collectif, qu’ils touchent à l’intime ou au politique.

Antonio Muñoz Molina raconte comme dans une même et unique phrase les bouleversements liés aux premières émeutes à Madrid et les questionnements qu’induit une passion. Pour Ignacio Abel, un architecte d’origine modeste, marié à une femme plus âgée de la bourgeoisie catholique madrilène, père de deux enfants, concepteur de la Cité universitaire de Madrid, détenteur de la carte du parti socialiste, la rencontre avec une jeune américaine, divorcée, juive, libre de ses mouvements durant son voyage initiatique en Europe, déclenche, sur fond de chaos politique, un déferlement incontrôlable d’émotions et une remise en cause cataclysmique.

Ainsi que le suggère son titre, le roman résonne comme une douloureuse méditation sur les temps qui se bousculent, se confondent ou s’excluent, ceux des amants comme ceux de l’histoire. L’auteur joue avec une limpidité éblouissante sur leur confusion, conscient que seule l’écriture peut les réconcilier.

Il s’introduit comme narrateur dans les premières pages, à l’automne 1936, dans la gare de Penn Station à New York. Il cherche à repérer son héros qui, ayant fui l’Espagne, se rend à Burton College pour y construire une bibliothèque tout en espérant retrouver sa maîtresse ; il fouille ses poches, s’immisce dans ses pensées, lui fait voir Judith Biely dans chaque femme entr’aperçue. Le romancier revient dans le récit, subrepticement, à plusieurs reprises, quand il affirme vouloir représenter avec précision des événements politiques qui ont eu lieu vingt ans avant sa propre naissance ou quand il décrit la traversée de Madrid par Ignacio Abel à la recherche de Judith Biely alors que les combats déchirent la ville. Antonio Muñoz Molina fait alterner discours, descriptions, réminiscences, dialogues ou actions au présent, à l’imparfait, au passé composé, imposant au récit un rythme saccadé et fluide à la fois, allant jusqu’à écrire au futur les dernières pages comme si le dénouement choisi pour le roman pouvait être autre.

Les mêmes événements historiques (la montée du nazisme et l’accession d’Hitler au pouvoir, le positionnement de l’Union soviétique, l’avènement de la république en Espagne, le Front populaire ou les prémices de la guerre civile) sont repris à intervalles réguliers par des personnages différents qui les relatent avec émotion, sans objectivité aucune, en vivant ou revivant leurs implications concrètes. Des personnages politiques et artistiques ayant réellement participé aux événements comme le poète Pedro Salinas, l’écrivain José Bergamín, Julián Besteiro, président du Conseil quand éclate la guerre civile, ou le biologiste et homme politique Juan Negrín, ministre des Finances en 1936, se glissent aux côtés des héros fictifs et s’engagent avec eux dans d’intenses discussions sur leurs prises de position, les doutes qui les ont assaillis, les choix délicats qu’il leur a fallu faire.

Cette trame complexe mais magistralement maîtrisée, qui révèle la difficulté à appréhender le corps de la mémoire et à comprendre sans juger les coulisses de l’histoire, permet aussi d’insérer des tranches de vie dans le récit. Par petites touches, grâce aux témoignages de collègues, d’amis, d’anciens compagnons rencontrés par hasard ou à travers le rappel d’événements familiaux, chaque personnage est perçu avec son passé, dans son milieu. Ces informations peu à peu distillées induisent un sentiment de familiarité avec des héros que l’on apprend à connaître.

Antonio Muñoz Molina excelle dans l’art du portrait. Son sens du détail l’aide à incarner visuellement le vécu de ses héros : les vêtements toujours plus froissés, les chaussures toujours plus usées et sales du professeur Karl Ludwig Rossman, un des maîtres d’Ignacio Abel à Berlin, chassé de l’Allemagne nazie, expulsé de la Russie communiste et finalement assassiné en Espagne, résument bien la blessure de cet homme trahi dans ses attentes, brisé dans ses rêves et réduit dans son errance à vendre de porte à porte de petits stylos minables.

Le romancier sait donner une signification particulière à la moindre anecdote : le rituel autour de la cuisson du riz lors des déjeuners dans la belle-famille d’Ignacio Abel illustre le conformisme de la bourgeoisie et le décalage croissant perçu par Ignacio. Il s’attarde sur la circulation des objets, un téléphone, une photographie, une carte postale ou un pistolet et décrit longuement les lieux, rendant sensible notamment l’influence des paysages urbains sur le comportement des hommes : la géographie de la ville de Madrid est magnifiquement rendue à travers les promenades de Judith, de même que l’ambition de l’homme d’affaires Van Doren s’incarne bien dans la topologie de l’université américaine dont il est le principal donateur.

La déclinaison redondante des mots résonne comme une litanie qui fait se rejoindre les enjeux que représente la liaison d’Ignacio et de Judith et l’éclatement de la guerre civile. L’amour sert de catalyseur à la renaissance artistique et humaine d’Ignacio tout comme la guerre devient le vecteur qui questionne ses engagements. Son statut de maîtresse dissimulée et son attachement croissant à l’Espagne, révélée par Ignacio, engagent Judith à reconsidérer la hiérarchie de ses valeurs et à choisir l’action. La passion qui impose le secret, la lâcheté, la culpabilité, les mensonges et la séparation fait écho à la guerre, à la violence, à la clandestinité, à la dénonciation, aux assassinats.

Chacun tente de se réinventer : Antonio Muñoz Molina ajoute une nouvelle page à son dictionnaire des exilés.

Sylvie Bressler

Brèves

Michel Aglietta, Zone euro. Éclatement ou fédération, Paris, Michalon, 2012, 192 p., 15 €

Conçu à partir d’entretiens avec Richard Robert, cet ouvrage remarquablement clair dans l’exposition et ferme sur le plan des propositions (les résumés qui terminent chaque chapitre sont d’une grande utilité) présente les mêmes atouts que la Crise, publié en 2008 par le même éditeur. Si la Crise s’inscrivait dans le contexte des dérives des crédits subprime indissociables du capitalisme américain, Zone euro revient de ce côté de l’Atlantique et s’interroge, à partir d’une analyse des blocages de l’Europe confrontée à la dette grecque, sur les limites de l’accord européen du 9 décembre 2011. Elles sont indissociables, pour Michel Aglietta, de la monnaie unique qui n’a été portée par aucune vision politique et ne renvoie donc pas à un ordre collectif. « Le vrai fédéralisme capable de résoudre la crise ne peut aller sans solidarité réciproque. Il repose sur trois piliers indissociables : faire de l’euro une monnaie complète en modifiant le mandat de la Bce, construire une gouvernance économique par l’élaboration des budgets faisant dialoguer le niveau européen et les instances législatives nationales, mutualiser les dettes publiques dans un puissant marché financier d’obligations (eurobonds). » C’est donc bien à une économie politique européenne que celui qui demeure l’un des chefs de file de l’école régulationniste en appelle.

O. M.

Gaël Giraud et Cécile Renouard (sous la dir. de), Vingt propositions pour réformer le capitalisme, Paris, Flammarion, coll. « Champs essais », nouvelle édition, 2012, 496 p., 11 €

Lié à un groupe de travail qui s’était réuni après la crise des subprime de 2008, cet ouvrage organisé autour de vingt propositions particulièrement élaborées est la réédition bienvenue d’un premier volume publié dès 2009. « Partant d’une relation d’ensemble des problèmes économiques, écologiques et sociaux mondiaux, nous avons ensuite resserré l’analyse sur les instruments financiers situés dans l’œil du cyclone financier apparu en 2007. Ce point de vue plus local a fait néanmoins apparaître en profondeur des enjeux qui nous renvoient à nouveau à une perspective plus large – incluant la fiscalité et la politique monétaire – ainsi qu’aux moyens renouvelés d’une coopération internationale accrue. » Le mérite de l’ouvrage est triple : en s’inscrivant dans la durée qui a vu se succéder dettes privées, bancaires et désormais souveraines, il cherche moins à trouver les conditions d’une sortie de crise toujours repoussée qu’à saisir les nœuds d’une réforme possible du capitalisme ; il associe, en raison des qualités propres aux deux coordinateurs, un économiste et une spécialiste de la réflexion sur les « sphères de justice », une approche qui ne cède pas à un économisme étriqué qui se contente d’en appeler à un surcroît de transparence ; il ne contourne pas les questions politiques particulièrement décisives à l’échelle européenne. En témoigne l’article actualisé par Gaël Giraud sur la Bce, qui démontre que la suprématie accordée au langage économique cache des dogmes (à commencer par le monétarisme) et des non-décisions politiques.

O. M.

Émilie Biland, La Fonction publique territoriale, Paris, La Découverte, coll. « Repères », 2012, 128 p., 10 €

L’originalité de cet ouvrage de facture pédagogique est d’entrecroiser une approche de sociologie politique des administrations et une approche en termes de sociologie du travail. Cette double mise en perspective permet à l’auteure de souligner que la fonction publique territoriale (plus du tiers des effectifs globaux de la fonction publique) est l’un des principaux chantiers de la modernisation publique sur le plan des conditions de travail. Dans cette optique, elle distingue trois modes de gestion du personnel territorial qui sont autant d’« idéaux-types » : celui des « réseaux localisés » d’un monde communal « unifié par le caractère local des recrutements et par le rôle central qu’y jouent les élus », celui de la bureaucratie incarnée en France par les administrateurs d’État qui sont recrutés par des concours organisés en dehors des communautés employeuses, et la place croissante accordée aux procédures de marché (Cdi public, Rgpp). Alors que les présidentielles ont permis d’évoquer le transfert à venir de la fonction publique nationale vers la fonction publique territoriale ainsi que l’endettement de nombreuses collectivités territoriales (souvent prises dans une fuite en avant pas toujours liée à la pression des Btp), on observe que les élus locaux ne sont pas toujours les défenseurs du service public à la française qu’ils prétendent être. À la jonction de la représentation démocratique des territoires et des changements des conditions de travail au sein du service public, la fonction publique territoriale est un champ d’observation pertinent.

O. M.

Jacques Donzelot (sous la dir. de), À quoi sert la rénovation urbaine ?, Paris, Puf, coll. « La ville en débat », 2011, 244 p., 12 €

Cet ouvrage collectif qui ne défend pas une thèse monolithique permet de comprendre pourquoi le programme de rénovation urbaine lancée en 2003 (et dont une suite doit être donnée en 2013) ne fait pas oublier ce qu’on appelle les banlieues et leurs populations. L’Agence de rénovation urbaine (Anru) a contribué « au nom de la mixité » à transformer le paysage urbain, à améliorer les modes de transport, à se préoccuper des conditions de logement et des espaces publics, et elle a favorisé une meilleure complémentarité entre les villes centres et leurs périphéries. Mais son action concerne avant tout les territoires et elle n’a pas réussi à modifier en profondeur les conditions de vie d’une population confrontée à la drogue, à la délinquance et à l’échec scolaire. La rénovation urbaine inaugurée par l’Anru pointe du doigt une politique trop territorialisée ; qui ne prend pas suffisamment en considération les populations mentalement assignées à résidence pour une partie d’entre elles. Jacques Donzelot, le maître d’œuvre de ce volume collectif, insiste depuis longtemps sur la nécessité pour la rénovation urbaine de « refaire société ». Ce qui exige d’élaborer des mesures associant mieux la ville et ses bords, mais aussi de respecter des populations souvent soumises aux cris de guerre des politiques identitaires pour lesquelles les difficultés de la rénovation résident dans les habitants eux-mêmes. Drôle de quadrature du cercle… « Car il ne suffit pas de faire arriver le tram dans un quartier, d’y tisser une nouvelle trame urbaine, d’y faire varier l’habitat […] pour que les habitants prennent de manière effective le chemin de la ville. Il faut tracer d’autres voies, de nature sensible et sociale, qui les mettent à l’aise avec les institutions et les entreprises. Il faut les initier à la ville, à ses opportunités, pour qu’ils se les approprient. » Il s’agit donc bien de « refaire de la ville » dans un univers urbanisé qui l’a défaite.

O. M.

Thierry Paquot, Un philosophe en ville. Essais, Paris, Infolio, coll. « Archigraphy poche », 2011, 232 p., 10 €

À sa manière inimitable, Thierry Paquot est un vagabond de l’urbanisme mondialisé et des promenades les plus intimes, ce qui le conduit à osciller et à se mouvoir physiquement et conceptuellement entre le local et le global avec beaucoup de ténacité. À l’échelle globale, il repère une urbanisation « éparpillée », là où d’autres parlent d’urbain « diffus » ou « généralisé », qui est à l’origine, selon lui, de cinq formes d’urbanisation peu propices à l’urbanité (mégalopoles, bidonvilles, villes globales, gated communities, petites et moyennes « villes-à-l’ancienne-dans-l’apparence-plus-que-dans-la réalité »). À l’échelle locale, il se penche successivement, en phénoménologue et en écrivain, sur les fondamentaux que sont : la poétique des à-côtés, les portes et les murs, la climatique, la saisonnalité, l’énergie, la quotidienneté… sans oublier la dimension sociale (voir le chapitre sur les Sdf). Ce parcours conduit à une conclusion où Thierry Paquot, amoureux des mots et des marches, disciple d’Ivan Illich, Henri Maldiney et Henri Lefebvre, met en avant la dimension utopique d’une réflexion sur l’espace qui n’est désormais plus séparable de la prise en compte de la dimension écologique.

O. M.

Florence Dosse, Les Héritiers du silence, Paris, Stock, 283 p., 20 €

Dans le climat d’inflation mémorielle qui caractérise notre époque, les anciens « appelés d’Algérie » sont toujours restés en retrait. Alors que l’on s’apprête à commémorer (ou pas ?) le cinquantenaire du cessez-le-feu, L’historienne Florence Dosse donne la parole à leurs descendants, et aussi à leurs compagnes, tous affectés, sinon par leur silence total, du moins par une extrême difficulté à parler de cette guerre qui fut longtemps « sans nom ». L’auteure intègre son enquête dans une réflexion plus vaste sur les mémoires de la guerre (pieds-noirs, Algériens nationalistes, harkis, etc.). Les jeunes hommes qui ont effectué leur service militaire en Algérie, entre 1954 et 1962, ou qui y ont été rappelés ont-ils été victimes ou bourreaux ? Un demi-siècle après, l’interrogation persiste et rend difficile la transmission. Ils n’ont pourtant pas toujours été passifs. Ils se sont parfois révoltés, comme au printemps 1956 (mouvement d’insubordination des « rappelés », peu évoqué curieusement dans cette enquête) et ont joué un rôle décisif dans l’échec du « putsch des généraux » en avril 1961. Une fort utile contribution à la pathologie des maladies collectives franco-françaises et franco-maghrébines.

D. L.

Joseph Pinard, Lucien Febvre, militant socialiste à Besançon. 1907-1912, Besançon, Cêtre, 2011, 327 p., 23 €

L’itinéraire et la nouveauté du grand historien, fondateur avec Marc Bloch de l’« École des Annales », sont connus à travers de nombreux essais et articles biographiques. Mais toutes les facettes de sa vie n’en sont pas éclairées pour autant. J. Pinard, lui-même militant et élu socialiste de Besançon, propose un livre d’histoire locale sans doute un peu brouillon, mais intéressant, sur le séjour de Febvre dans cette ville, où il est nommé professeur d’histoire en 1907 (et où habite son père). Du jeune professeur, exemplaire sinon « parfait » sous tous rapports et couvert de louanges par ses supérieurs et inspecteurs, il n’y a pas grand-chose à dire. Plus intéressant est le militant socialiste – car il se trouve que Febvre milite effectivement et surtout qu’il donne des chroniques anonymes (trente et une en tout) au Socialiste comtois, l’hebdomadaire de la Fédération socialiste du Doubs, de 1906 à 1909. J. Pinard analyse, en y mêlant un amour fervent pour la Franche-Comté, les articles, brillants, de Febvre ainsi que leur contexte conflictuel – politique, social, économique, culturel et religieux. L’histoire locale a une saveur particulière – celle de la vie même, des troquets enfumés et alcoolisés par exemple (589 débits de boisson à Besançon en 1907 !), ou de mondes ruraux qu’on ne retrouve guère dans les histoires nationales. Des figures oubliées sortent de la nuit, pour le meilleur et pour le pire. Vu l’époque, on ne peut s’étonner de la virulence des relations entre les deux France – la laïque et la catholique (belle moisson de noms d’oiseaux, surtout de la Libre Pensée contre les cléricaux : les curés ? des « sacs à charbon ». Les évêques ? des « ratichons violets ». Les pasteurs ? des « reptiles dangereux »… Les catholiques antidreyfusards, qui voient du complot juif partout, ne sont pas en reste). Dans ses contributions au Socialiste comtois, L. Febvre mange peu de ce pain-là. Ses piques les plus vives sont destinées à Clemenceau, qu’il n’aime pas, et au Parti radical au pouvoir, parti de notables qui s’assied sur les réformes sociales. Febvre s’éloignera ensuite du militantisme socialiste, devenu quasiment « gauchiste » dans les années qui suivent. Il faudrait savoir si les idées socialistes auront une influence sur son œuvre à venir.

J.-L. S.

Olivier Guez, American Spleen, Paris, Flammarion, coll. « At Large », 2012, 270 p., 22 €

Ce livre est riche, très riche, peut-être même un peu trop. On y parle du conservatisme américain (avec une perspective intéressante sur les Tea Parties, décrites non par leur biais religieux mais à travers le courant libertarien qui les parcourt), de l’évolution du vote des classes populaires, des échecs de la présidence Obama, des problèmes d’immigration en Arizona, du mormonisme dans l’Utah, etc. Le tout en suivant les pas du narrateur journaliste, ou plutôt le sillon creusé par les roues de sa Ford Mustang. Et c’est là que le bât blesse, car trop souvent le livre oscille entre différents genres : reportage au sens strict (avec de nombreuses transcriptions d’entretiens), tentative (peu réussie) de new journalism à la Norman Mailer, à travers la présence (intermittente) de la subjectivité du journaliste, collage de papiers sur des sujets divers, etc. Pour finir, le lecteur reste sur une impression composite. On aurait aimé, non pas en savoir plus, mais en savoir mieux, avec moins de mise en scène, et peut-être plus de cohérence. Les transformations de l’Amérique contemporaine valent bien cela.

A. B.

Antonio Pennacchi, Canal Mussolini, Paris, Liana Levi, 2012, 512 p., 23 €

Comme lors de la publication de Mon frère est fils unique (Paris, Le Dilettante, 2007), le dernier livre de Pennacchi a suscité maintes controverses en Italie. L’auteur y raconte l’histoire de sa famille, des paysans venus du nord pour participer à l’assèchement des marais pontins, grande initiative de Mussolini. Le point de vue adopté est celui d’un des petits-fils Peruzzi, délibérément subjectif, cocasse, truculent. Le roman embrigade le lecteur par son souffle et son ampleur, mêlant histoire d’Italie et saga familiale. Pourquoi tant de débats, alors ? Parce que, malgré sa valeur unanimement reconnue (et couronnée par le prestigieux prix Strega), le livre fait la part belle à la nostalgie de cette famille, qui a soutenu le Duce jusqu’au bout, donc, quelque part, à la nostalgie du fascisme lui-même, irrémédiablement associé aux souvenirs d’enfance. Pennacchi, auteur atypique au passé ouvrier, se revendique « écrivain de gauche mieux aimé par la droite que par la gauche », et il est indéniable que son talent dérange, car il place sans cesse le lecteur dans une position inconfortable, entre l’identification romanesque et la prise de distance politique. Une épreuve, en somme, mais qui vaut la peine qu’on se l’impose.

A. B.

En écho

VACARME – Dans le dernier numéro de la revue Vacarme (hiver 2011-2012), outre un long éditorial dans lequel la rédaction explique pourquoi le vote est un acte, certes non suffisant, mais néanmoins nécessaire dans nos démocraties imparfaites, on lira avec intérêt l’entretien avec le réalisateur chinois Jia Zhang Ke, auteur de Still Life et Platform (entre autres), dans lequel il parle de sa relation aux autorités, de son rapport à l’histoire, et de l’entrelacement entre fiction et documentaire qui caractérise son œuvre.

COMPRENDRE LA VILLE – Le répertoire thématique de ce numéro spécial de L’Économie politique (no 53, Paris, Alternatives économiques) vise d’emblée le lectorat économique de la revue de Christian Chavagneux. Sont ainsi pris en considération : les résidences fermées, les districts industriels, les skrinking cities, les villes durables, et la théorie de Tiebout chère aux économistes de l’urbain… La revue a également la bonne idée de traduire l’intervention remarquée de l’ancien chancelier allemand Helmut Schmidt, critiquant le manque d’engagement européen de Mme Merkel. Un article de Mark Leonard fait aussi le point sur la contradiction actuelle de l’Europe, qui a besoin d’une plus grande intégration mais est incapable de dégager les voies politiques d’une nouvelle étape du rapprochement (« Quatre scénarios pour réinventer l’Europe »).

POPULISMES – Dans son dernier numéro intitulé « Populismes » (janvier-février 2012, Paris, Minuit), la revue Critique refuse deux tentations : « Faire de “populiste !” une commode invective ou jeter le bébé avec l’eau du bain et récuser tout usage du terme comme abusif ou manipulateur. » D’où l’autre approche proposée : « Ce n’est pas seulement son instrumentalisation qui rend le populisme difficile à cerner : c’est sa très réelle complexité. » Il faut donc rouvrir le dossier. Le populisme, en effet, n’est ni une donnée ni un acquis. D’où le choix du pluriel de « populismes » et le refus de laisser croire que le populisme soit un phénomène exclusivement politique. « C’est en effet un phénomène transversal qui divise la culture et la connaissance. » D’où la volonté de regarder ce qu’il en est au cinéma, en poésie, en sciences sociales, en littérature, et le souci de relire Pound, Pasolini et le « roman populiste ». L’article de Philippe Roger sur « Le roman du populisme » donne bien le ton de ce numéro original.

LES CONSÉQUENCES DE LA BARBARIE EN SYRIE – Thomas Pierret, qui vient de publier Baas et Islam en Syrie. La dynastie d’Assad face aux oulémas, Paris, Puf, 2011, s’interroge dans Politique internationale (no 134, hiver 2011-2012) sur la montée en puissance du sunnisme politique en Syrie (« Les frères musulmans aux portes du pouvoir »). Voir aussi son article sur « Le Baas syrien face à l’islam sunnite » ainsi que l’article de Nora Benkorich sur « La tentation de la lutte armée en Syrie », dans Le Débat (no 168, janvier-février 2012, Paris, Gallimard) qui publie également deux articles sur la Tunisie (Ali Mezghani et Gilles Kepel). Les Puf publieront très prochainement une réédition de l’État de barbarie (initialement publiée au Seuil) de Michel Seurat, ce qui donnera l’occasion de saluer la lucidité et la pertinence des analyses du chercheur disparu (voir ses articles dans Esprit au début des années 1980). Pour lui, qui recourait à Hobbes et Arendt pour ne pas se contenter d’une analyse sociologique ou politologique en termes de société civile et d’État, l’État baasiste ne s’est jamais maintenu qu’en exacerbant une déstabilisation par des violences exercées à toutes les échelles internes, externes et internationales (en la sous-traitant dans le cas du Hezbollah libanais par exemple). Ce qui provoque une incapacité congénitale à instituer une communauté politique.

Avis

Dans les mois qui viennent nous nous intéresserons d’abord à l’avenir des revues, à travers la politique de la recherche : l’évaluation des chercheurs passant par leurs publications dans des revues spécialisées, comment leur travail peut-il irriguer un débat plus large et toucher un public généraliste si l’incitation officielle est de ne s’adresser qu’à leurs pairs les plus spécialisés ? Par la suite, nous nous interrogerons sur les représentations culturelles de la crise, ou plus exactement sur les difficultés à donner forme, dans les arts et les œuvres de création, aux bouleversements que connaît l’économie depuis 2008. Un autre effet de la crise qui reste en manque de représentation, c’est l’impact du ralentissement économique sur la pauvreté : nous y consacrerons également un dossier prochainement.

L’Ehess organise les 7 et 8 mars prochains un colloque consacré à Claude Lefort (amphithéâtre François-Furet, 105, boulevard Raspail, 75006 Paris, http://cespra.ehess.fr). Les organisateurs, Gilles Bataillon et Pierre Manent, ont souhaité revenir sur les grandes interrogations et les penseurs qui ont mobilisé Claude Lefort, mais également, à partir des questions posées par le philosophe, interroger les mutations politiques de ce début de xxie siècle dans les pays arabes (Hamit Bozarslan), au Brésil (Marilena Chaui) ou en Chine (Isabelle Thireau).

Michaël Fœssel, coordonnateur de ce numéro, présentera les débats actuels de la philosophie française au théâtre de l’Odéon (salle Roger-Blin, tarif unique 5 €) le jeudi 15 mars à 18 h 30. La rencontre, intitulée « Où en est la philosophie en France ? », sera animée par Jean-Marie Durand, journaliste aux Inrockuptibles.

Joël Roman

Philosophe, essayiste et éditeur Joël Roman prône « un multiculturalisme à la française », qui reconnaisse le pluralisme social et culturel de la société française, l’empreinte durable des immigrations post-coloniales, et sache adapter le modèle républicain à la multiplicité individuelle, à la nouvelle question sociale des banlieues et à la présence établie de l’islam de France. Il place ainsi les…

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