
La sagesse de Marcel Hénaff
Extraits présentés
Inspirée de l’art musical de Lévi-Strauss et de l’éthique de la traduction de Paul Ricœur, la sagesse de Marcel Hénaff part de l’anthropologie du don cérémoniel pour développer une politique de la reconnaissance réciproque. Dans les sociétés modernes, cette dernière est assurée par la loi, mais elle est menacée par l’hégémonie de l’économie marchande.
Nous proposons quelques extraits des articles de Marcel Hénaff publiés dans la revue Esprit afin d’introduire à son œuvre qui place la reconnaissance symbolique en son cœur.
Une anthropologie « bonne à penser »
Pour Marcel Hénaff, l’anthropologie de Lévi-Strauss est « bonne à penser » parce qu’elle articule de manière originale le sens à la vérité : « comprendre, ce n’est pas donner un sens, c’est saisir un sens donné ». Contre les philosophies du sujet qui accordent le primat à l’intentionnalité de la conscience, l’approche structurale considère que le sens est toujours déjà donné dans la forme de l’objet, c’est-à-dire dans ses rapports différentiels et ses règles de transformation : « Il y a déjà un ordre intelligible dans les choses elles-mêmes qui rend possible l’acte du sujet de conférer un sens à ces choses1. » L’anthropologie de Marcel Hénaff retient ainsi de l’approche structurale que les structures sont les conditions de possibilité du sens. Mais elle est aussi sensible au passage, dans l’œuvre anthropologique de Lévi-Strauss, du concept de « structure », issu des travaux sur la parenté, à celui de « transformation », issu des travau