Spéculations sur la génétique. Introduction
Comment savons-nous que nous sommes en bonne santé ? Il ne suffit pas de jouir d’un état de tranquillité, d’une absence de malaise. Car nous ne pouvons pas nous fier entièrement à notre sentiment personnel. Il faut aussi intégrer à l’expérience ressentie du corps un savoir positif maîtrisé par la médecine, qui peut identifier des symptômes avant même qu’ils ne s’imposent à nous. À condition que ce savoir médical nous soit bien communiqué, ou plus exactement transmis de telle sorte que nous puissions l’assimiler à nos représentations. Le droit d’accéder aux informations médicales qui nous concernent1 figure ainsi à juste titre parmi les revendications des associations de malades et parmi les garanties promues par l’éthique médicale, même si cela a dû bousculer les pratiques des médecins.
Mais la médecine ne développe pas seulement un savoir capable de nous alerter sur une pathologie, d’établir un diagnostic et de définir une conduite à suivre. Elle développe, de plus en plus, un savoir d’un type différent qui concerne le calcul statistique et l’identification de risques dans la population générale2. Dans ce mouvement, la génétique joue un rôle central, identifiant des facteurs de risques associés à de