La sécurité sans idéologie
Est-ce parce que le massacre du vendredi 13 novembre 2015 a été dix fois plus meurtrier que les tueries du 7 au 9 janvier ? Ou parce que ses victimes étaient moins précisément ciblées que les dessinateurs de Charlie et les clients d’une épicerie kasher ? Ou plus simplement parce qu’il s’agissait du second attentat dans la même année ? Les réactions aux deux événements ont été assez différentes.
En janvier, la première impression a été celle d’un télescopage des époques : Wolinski, Cabu, ressurgis pour mourir sous les coups d’islamistes issus d’un monde nouveau, mais eux-mêmes apparemment attardés dans leur rancune contre des dessins déjà anciens. Et la permanence de la haine antisémite exprimée deux jours après par Coulibaly n’apportait aucune aide pour inscrire l’événement dans le temps. En novembre, à l’inverse, l’inscription de la plupart des victimes dans la génération bien précise des trentenaires paraît leur tracer un destin, ou du moins une condition réduite comme le fit jadis le sida pour d’autres.
En début d’année, la seconde impression a été celle produite par le clivage entre ceux qui