La prolifération des conflits internationaux. Entretien
Pour Justin Vaïsse, la multiplication des conflits dans le monde est le signe d’un rééquilibrage de la puissance : les États-Unis ne sont plus le garant de l’ordre mondial, la Chine et la Russie s’affirment, tandis que de nouveaux acteurs privés s’imposent dans les régions où les États sont fragilisés. Nicole Gnesotto insiste pour sa part sur l’impuissance des institutions internationales dans le contexte d’une mondialisation douloureuse.
JustinVaïsse – Ces dernières années, des conflits se développent dans différentes régions du monde de manière simultanée. Est-ce une simple coïncidence ou l’indice d’une transformation des relations internationales ? L’été 2014, par exemple, a été particulièrement emblématique de cette instabilité géopolitique. En effet, la prise de la Crimée et l’intervention dans le Donbass par la Russie, la guerre de Gaza, la crise du Hezbollah, la détérioration de la situation en Libye et la prise de Mossoul par Daech sont les traces d’un certain désordre mondial où la simultanéité des événements est aussi inquiétante que leur gravité. À mon sens, ces crises possèdent à la fois des causes systémiques et des causes régionales.