Nouvelles menaces, anciens outils, impuissances partagées. Introduction
Si la situation de l’Ukraine et de la Syrie devrait davantage retenir l’attention des Européens, c’est qu’au-delà du drame humanitaire (9 millions de déplacés, plus de 160 000 morts en Syrie), on assiste à la mise en cause d’outils diplomatiques permettant de contenir les violences militaires. Les conflits qui s’aggravent ces derniers mois illustrent en effet un affaiblissement inquiétant de quelques repères contribuant à civiliser, autant que possible, les relations internationales. En Syrie, l’utilisation d’armes chimiques contre la population civile, qui constituait une « ligne rouge » aux dires des autorités américaines, britanniques et françaises, a constitué une transgression, toujours impunie, d’une interdiction restée assez vive dans la mémoire collective après les expérimentations de la Première Guerre mondiale, relayée par la Convention sur l’interdiction des armes chimiques (La Haye, 19971). L’annexion de la Crimée par la Russie a renié le mémorandum de Budapest (1994), par lequel la Russie s’engageait, avec les autres signataires (États-Unis, Royaume-Uni, puis la Chine et la France), à garantir les frontières de l’Ukraine en échange du démantèlement de l’important arsenal nucléaire ukrainien et de son adhésion au traité sur la non-prolifération d