Mumbai et Le Caire. La ville privée, « la » bidonville et la ville éclatée
La ville privée, « la » bidonville et la ville éclatée
L’urbanisation contemporaine tend à séparer les habitants et à creuser les inégalités territoriales. Un pays émergent comme l’Inde en témoigne : un tiers des 1, 21 milliard d’Indiens habitant désormais en ville, et le pays devrait compter, d’ici 2030, deux fois plus d’habitants que l’Europe. Mais les dépenses publiques par habitant consacrées aux citadins ne représentent que le sixième de celles destinées aux ruraux. Un vieux fond de ruralisme militant qui date de Gandhi oppose l’Inde authentique, celle des campagnes, aux villes créées par la colonisation. Par ailleurs, la moitié des habitants de Bombay (Mumbai) vit en bidonville, dans des constructions illégales qui peuvent être détruites du jour au lendemain par la police1. En ce sens, Bombay est une « ville bidonville » comme Salvador de Bahia est au Brésil une « rue bidonville ». C’est seulement dans les années 1990 que l’État indien a jugé le phénomène de la métropolisation urbaine comme inéluctable, et qu’il a mis en place en 2005 un programme de renouvellement urbain portant sur les soixante-trois plus grosses villes de l’Inde2.