Positions : L'intervention militaire en Libye : une exception pour les contestataires syriens
Alors que la chute de Muammar Kadhafi était imminente et que les rebelles libyens s’emparaient de Tripoli, Burhan Ghalioun, professeur de sociologie politique à l’université de Paris 31, était nommé le 29 août à la tête d’un Conseil national de transition syrien par des réseaux de coordination de la révolution anti-Assad (tansiqiyat). À ceux qui lui demandaient son avis sur l’effet domino du printemps arabe et l’interrogeaient sur les conséquences pour la Syrie de la victoire contre le tyran libyen, il manifestait son inquiétude concernant le recours à la violence :
L’événement est positif et négatif. Positif car il démontre que les dictatures sont vouées à tomber et il renforce la détermination des opposants à continuer le combat. Négatif car il donne à certains militants l’idée que le modèle libyen peut être tenté. À quoi bon s’attacher à la non-violence, disent-ils, alors qu’en Libye, la dictature a été liquidée par les armes ? Quelques voix en appellent même à une intervention militaire étrangère, ce qui est une pure illusion. Face aux massacres politiques quotidiens, les gens cherchent une solution décisive2.