Sans carte ni boussole. Une présidentielle hors histoire
La campagne présidentielle reste très focalisée sur des questions nationales; elle se fait en dehors de toute histoire et de toute géographie. Lerepli sur soi mène au populisme, et surtout à une méconnaissance et à unemésinterprétation de la mondialisation, qui est pourtant le fait majeur denotre époque.
Quelle que soit l’apparence, ne dites jamais de ces nations qu’elles sont usées, ensevelies, que le monde n’a plus rien à en attendre. Fussent-elles enfouies sous terre, elles vous démentiraient en surgissant au grand jour quand vous vous y attendrez le moins.
La France est un pays qui aime l’Histoire, une terre qui ne cesse de puiser dans des « lieux de mémoire », dans des noms propres, dans des symboles républicains mais aussi dans des symboles de droite ou de gauche, afin d’y trouver l’énergie nécessaire pour relancer un roman national « glorieux » dont la dimension universelle n’est pas contestée. C’est l’image que la France aime à se donner, celle de nombreux historiens du xixe siècle, ce qui légitime en retour les contre-attaques contre ceux qui mettent en avant faiblesses et culpabilités historiques, et qui sont les vrais fauteurs de trouble identitaire.
Mutisme historique
Mais aujourd’hui, à l’heure des présidentielles de 2012, le roman national est comme épuisé, voire interrompu. On ne cherche même plus à en saisir les causes, comme l’historien Pierre Nora l’a tenté à la fin de la saga des Lieux de mémoire. De fait, les principaux candidats à la présidentielle sont quasi muets sur notre histoire. Henri Guaino se fait désormais très discret, comme ce fut déjà le cas de Max Gallo avec Mitterrand, et Patrick Buisson, le conseiller ès sondages fort contesté de Nicolas Sarkozy car venu de Minute, oublie qu’il est aussi le patron de la chaîne Histoire. L’histoire, institutions gaulliennes obligent, est réduite à celle des élections présidentielles successives que l’on n’en finit pas de comparer entre elles. Comme s’il n’y avait d’autre choix que de trouver son inspiration dans l’une des élections, c’est-à-dire dans l’une des campagnes qui ont précédé (souvent des histoires haineuses à droite : la volonté de Jacques Chirac de casser Giscard puis Balladur fait désormais histoire !).
En rester à ce constat d’une « réduction au silence » de l’histoire (dont la contrepartie est une patrimonialisation tous azimuts et la manie de l’anniversaire permanent) est une manière de céder au commentaire politique qui navigue sans interruption. C’est le « grand buzz médiatique » généré par la majorité des chaînes de la Tnt2, entre le poids des institutions et de la procédure et la psychologie des grands hommes, qui est indissociable du présidentialisme à la française. Mais De Gaulle n’avait pas besoin d’en rajouter dans la psychologie et le charisme, il ne cherchait pas à se faire aimer et donc à faire campagne puisqu’il incarnait l’histoire à lui seul. Entre F. Hollande, qui se réfère filialement à Mitterrand, avec lequel il a inauguré sa carrière en 19813, et N. Sarkozy, qui se réfère à lui-même contre vents et marées, car il n’a aucune raison de changer de tempérament, et encore moins de faire semblant de changer, puisque l’opinion a deviné qu’il en est incapable, l’histoire politique est autoréférentielle. La campagne, qui n’a pas encore « cristallisé » en cette fin de janvier 2012, donne bien l’impression d’être « hors histoire », hors de l’histoire de France, hors de l’histoire du socialisme ou du gaullisme, et encore plus hors de l’histoire du quinquennat dans le cas du président sortant, dont le bilan hautement négatif ne doit surtout pas être évoqué. Pas trop de recul historique possible donc, à ce jour juste une référence à Jeanne d’Arc, qu’il ne faut pas laisser à Marine Le Pen. Mais ce déficit historique n’est pas sans conséquences, puisqu’il rend la campagne atone et pauvre sur le plan du récit, pour ne pas dire inexistante pour ce qui est de la symbolique historique. Ne reste plus que le récit médiatique que commentateurs et sondeurs alimentent à leur gré alors que la mode médiatico-intellectuelle n’est pas au story telling, comme ce fut le cas durant les présidentielles de 2007, qui se nourrissaient du parcours atypique de deux personnalités alors charismatiques : Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy.
Le politique mis sous tutelle
Comment comprendre cette sortie de l’histoire dans un pays qui, à la différence apparente de l’Allemagne et de son patriotisme constitutionnel, adore exhiber son histoire et oublier ses défaites ? Suffit-il d’attendre un peu plus d’électricité et des pugilats excitants, un durcissement politicien pour que les donnes se modifient ? La situation nationale, européenne et internationale est incertaine, la campagne ne fait que commencer et le pays est prisonnier d’un climat anxiogène collectif que renforce l’instabilité de Nicolas Sarkozy, qui lasse et fatigue même son propre camp : tous ces éléments réunis laissent croire qu’un événement malheureux peut arriver d’un moment à l’autre, à commencer par la dégradation de notre note économique le 13 janvier 2012. On en est là : plus la crise européenne nous enfonce dans un trou noir historique, moins on parle de l’Europe ! À moins que parler de l’Europe revienne à évoquer le fait que la Commission poursuit le Conseil (intergouvernemental) devant la Cour de justice européenne (Luxembourg) parce qu’il refuse le gel des salaires des fonctionnaires européens4. L’Europe : un terrain miné, un thème à proscrire, un seul mot dans la Lettre aux Français de François Hollande du début du mois de janvier. Mutisme sur l’Europe et ses institutions, mutisme sur son histoire, mutisme sur l’histoire nationale, la crise européenne se résume finalement à un face-à-face anhistorique entre des experts économiques et des États nationaux liés à des souverainetés populaires qui oscillent entre indignation et populisme. Une indignation à la marge du politique et un populisme identitaire et laïc, celui du ministre de l’Intérieur Claude Guéant5, qui tente de refouler les immigrés et se targue de diminuer le nombre des naturalisés et des réfugiés tout en affirmant, dans les colonnes du Monde du 2 janvier 2012, que l’islam n’est plus un problème. C’est qu’il faut se rassurer, se « bunkériser », quand les digues peuvent céder d’un jour à l’autre. Pourquoi donc partir dans des couplets lyriques et recourir à des symboles ou à des noms propres qui ne mobilisent plus les énergies ? On fait du surplace mental, ce qui est grave pour un pays qui mise naturellement sur son Histoire et sur sa capacité d’influence à l’échelle mondiale.
Et pourtant l’histoire est là, et bien là. Il suffit de l’exprimer et de la mettre en scène. Dans le cas de l’Allemagne et de son patriotisme constitutionnel de nature très procédurale, il est indéniable que l’attitude rigide d’Angela Merkel sur le rôle de la Banque centrale européenne (Bce) est liée aux mauvais souvenirs de Weimar, au refus de céder aux dérives possibles de la planche à billets et donc à la montée de toute nouvelle version du nazisme. Alors que l’Allemagne parle de son histoire dans ses décisions d’ordre économique, la France ne parle que d’économie tout en en faisant le reproche aux Allemands, alors que nos décideurs et entrepreneurs ont collé d’emblée au modèle économique anglo-saxon. La vie politique est rythmée chez nous par le Cac 40, par les évaluations et notations permanentes qui nous insupportent quand elles proviennent de l’extérieur. Et la classe politique n’a d’autre issue de secours que de courtiser les experts d’un côté et l’opinion de l’autre.
C’est une première observation : la campagne présidentielle hexagonale est à ce jour « hors histoire », car doublement rivée, d’un côté à la crainte de l’événement fatidique et de l’autre à « la mise sous tutelle du politique par l’économique ». Les équipes de campagne justifient cette soumission de la parole politique à l’économique par la demande d’emploi et la montée du chômage qui sont légitimement les inquiétudes majeures de l’opinion. Dette, emploi, croissance : tout doit être résolu « simultanément » et « globalement » sur le plan économique, tout doit donc être budgétisé, chiffré, soupesé financièrement. C’est pourquoi on n’a jamais autant entendu les « bons en économie » des deux assemblées : les Cahuzac, Arthuis, Carrez, Sapin…, des spécialistes généralement considérés comme ennuyeux par les médias. Cette mise sous tutelle du politique, qui n’est pas sans conséquences pour le bon déroulement de la campagne, se traduit par la substitution de quelques mesures ou réformes à un programme en bonne et due forme6 : d’une part, le silence s’impose sur le rôle politique de la Bce et de la monnaie commune7 et d’autre part, des impairs successifs se multiplient dans la campagne à gauche comme à droite en raison de cette volonté de parler chiffres et de forcer le quantitatif aux dépens de la signification politique de telle ou telle réforme. Au parti socialiste, le débat sur la fusion de la Csg et de l’impôt sur le revenu (pourtant réglé en amont par un brillant expert, croyait-on), qui met en jeu à la fois la progressivité et la proportionnalité ainsi que le caractère individuel ou communautaire de l’impôt, a fait ressortir après coup la question du quotient familial, puis celle du rapport du pays à la famille et de la politique familiale, qui n’est pas une affaire réservée à Madame Boutin la catholique. Comprendre les ressorts de cette « mise sous tutelle de la parole politique » exigerait par ailleurs de rappeler et de démontrer que cette hégémonie de l’économique n’est pas liée à un complot venu d’ailleurs : ce sont les États qui ont contribué à ouvrir les vannes du marché et l’Europe a institué un libéralisme commercial qui fut à l’origine du rejet du Traité constitutionnel européen.
La réduction de la mondialisation contemporaine à l’ouverture commerciale
Mais il faut avancer d’un cran si l’on veut mieux saisir ce qui sous-tend l’incapacité politique à interpréter le devenir historique. Comprendre que la restriction de notre champ de vision politique et la difficulté à regarder vers l’avant ou l’arrière sont indissociables d’une représentation économiste qui va de pair avec une vision restrictive de ladite mondialisation. Le mot mondialisation est sur toutes les lèvres, et celui de démondialisation également. Mais de quoi s’agit-il ? De la nouvelle carte du monde en train de se faire, d’une géographie inédite qui est indissociable de la place impartie aux connexions et à la vitesse ? Apparemment non; la mondialisation se caractérise essentiellement, dans le débat politique, par l’ouverture du marché et par la politique néolibérale dont l’Europe a été l’un des moteurs indéniables. L’Histoire n’a pas été remplacée par la géographie, qui est aujourd’hui la matière la plus parlante pour qui veut « voir » grâce à des cartes le monde en gestation, comme ce fut le cas durant les grandes vagues de découvertes et de réorientations historiques et spatiales du monde. C’est même le contraire qui se passe sur le plan de l’enseignement8 !
La mondialisation se résume donc à l’ouverture des frontières commerciales et à la concurrence des émergents. Cette vision strictement commerçante du monde est trompeuse car elle ne voit pas que les mots de globalisation ou de mondialisation, à la limite du slogan, renvoient à « un ensemble hétérogène » de phénomènes. Alain Supiot y a insisté dans Esprit :
L’abolition des distances physiques dans la circulation des signes entre les hommes est un phénomène structurel, qui procède des nouvelles techniques de numérisation. En revanche, la mondialisation du commerce des choses est un phénomène conjoncturel, qui procède de choix politiques réversibles (ouverture des frontières commerciales) et de la surexploitation temporaire des ressources physiques non renouvelables (prix artificiellement bas des transports). C’est la conjugaison de ces deux phénomènes différents qui conduit à réduire l’hétérogénéité des signes et des choses en les rapportant à un même étalon monétaire, c’est-à-dire à les « liquider » au sens juridique du terme9.
Que retenir de cet argumentaire méthodique et précis ? Notre appréciation de la mondialisation est historiquement faussée si on la réduit à la seule ouverture des marchés pour deux raisons. Tout d’abord, les marchés ne sont pas tous ouverts à l’identique, et les mesures protectionnistes n’ont pas plus disparu que les États : parmi les pays émergents, ceux qui comme la Chine n’ont pas suivi les règles du libre commerce sont ceux qui s’en sortent le mieux10. Ensuite, la démondialisation commerciale serait-elle décrétée et décidée tambour battant, nous ne reviendrons pas à une étape antérieure de notre histoire et nous serons inéluctablement confrontés à d’autres dimensions de la mondialisation qui ne sont pas réversibles, comme l’est l’ouverture commerciale.
Bien entendu, parmi ces dimensions irréversibles, le premier moteur de la mondialisation est celui de la technique : comment imaginer que la mondialisation contemporaine puisse ne pas être portée, à commencer par les flux financiers eux-mêmes, par les nouvelles techniques et formes de numérisation ? Il est même surprenant que la France, l’un des pays le plus épris de ces nouvelles technologies, ne conçoive pas mieux l’impact de transformations techniques qui se développent exponentiellement en démultipliant la vitesse des échanges d’informations et de communications. À cette dimension technique, il faut ajouter d’autres facteurs indissociables de l’hétérogénéité de la mondialisation contemporaine : la mondialisation urbaine11, la mondialisation politique, au sens où l’on assiste non pas à la disparition des États mais à une transformation de leur rôle dont Saskia Sassen est l’observatrice attentive depuis trois décennies, la mondialisation des flux migratoires de tous ordres12, mais aussi la mondialisation culturelle, identitaire et religieuse. Tous ces phénomènes s’entrecroisent dans un monde où les flux et la liquidité, au sens où Zygmunt Bauman parle d’un présent liquide et maritime plus que terrien (terrien comme l’État à la française, aurait dit Fernand Braudel) car anglo-saxon, marin et financier, l’emportent tendanciellement. Par ailleurs, dans ce monde liquide (celui de l’économie) et épais (celui de l’internet), la représentation verticale et politique de nos sociétés rivées aux États est mise à mal au profit d’espaces de branchement, d’une connectivité réelle et virtuelle que les États ne savent pas trop comment arraisonner.
La crise est aussi intellectuelle. Comment se réorienter ?
Ce sont tous ces phénomènes « hétérogènes » mais simultanés, connexes et inséparables qui marquent une césure historique que le langage politique doit prendre en compte s’il veut renouer avec un sens de l’histoire. Non pas avec le Sens, mais avec un sens historique singulier susceptible de s’ouvrir au « grand large » du monde, celui d’un roman national susceptible de s’inscrire dans une histoire globale et non pas de s’écrire sous des menaces extérieures, contre un monde « hétérogène » dont il est de toute façon partie prenante (ne serait-ce qu’en raison de l’internet mondialisé).
Affirmer cela a deux conséquences : d’une part, la crise européenne est le signal d’une crise politique et intellectuelle du modèle historique qui a porté l’Europe. Non pas que les valeurs européennes, celles de Václav Havel et de Jan Patocka, aient disparu corps et biens, mais elles ne sont plus une matrice pour le reste du monde (si elles l’ont jamais été, puisque cette représentation relevait de notre philosophie autocentrée de l’histoire). Ce qui n’empêche pas les dissidents chinois de la Charte 08 d’avoir pris le relais de la Charte 77. La mondialisation correspond donc à une rupture historique majeure, qui affecte à la fois le roman national français et la polyphonie européenne (comme l’aurait dit, pour continuer avec la littérature, le dostoïevskien Mikhaïl Bakhtine). Mais ne pas prendre en compte l’histoire mondiale en train de se faire, ne pas saisir qu’elle déborde de partout le roman national ne permet pas de le relancer.
Par ailleurs, le monde liquide de la mondialisation en cours est un univers de flux qui exige d’imaginer des formes de reterritorialisation et invite à penser une « mondialisation par le bas ». C’est pourquoi le sens de notre histoire passe désormais par une capacité politique à repenser le rôle de l’État, entre le global et le local, et à inscrire les diverses échelles politiques qui sont les nôtres dans le monde des flux qui nous environnent, que nous le voulions ou non. Si la politique fatigue, c’est que les États croient toujours être au centre de la planète alors que le monde réel et virtuel est une structure intelligible et sensible qui les enveloppe. L’urgence intellectuelle et politique est de prendre acte des tendances lourdes de la mondialisation contemporaine pour tenter d’en inverser le cours dans des contextes politiques hétérogènes. Mais on ne changera rien à se contenter de laisser croire qu’il faut se mettre hors monde, hors Histoire et se satisfaire d’un mutisme posthistorique.
Non, le roman national n’est pas mort, il tourne à vide momentanément. Les cartes ont changé, l’historien doit être un géographe et les battre autrement : on ne retrouvera une énergie historique qu’en se mondialisant au sens large, en nouant un lien historique inédit avec le monde qui est déjà là et ne se réduit pas à un complot capitaliste et financier, ne serait-ce que parce que la rareté de la Terre unique est une affaire commune et donc globale. Une révolution historique est aussi une révolution mentale et politique. Celle que les présidentiables en compétition ont bien du mal à anticiper à ce jour.
Puisqu’on a commencé par le symbolique, l’évocation de noms propres et de personnages, évoquons en guise de final cette parabole de l’historien Edgar Quinet :
Avez-vous vu dans mon pays la perte du Rhône ? Le fleuve qui descend du haut des Alpes arrive confiant et à pleins bords. Tout à coup, comme si l’embûche avait été tendue dès l’origine des choses, il disparaît. On le cherche sans le trouver [on se trouve dans le défilé entre Genève et Bellegarde] : il s’est perdu dans le puits de l’abîme, il est enseveli dans les entrailles de la terre; une couche prodigieuse de rochers amoncelés depuis les premiers jours le recouvre, et la pierre a été scellée sur lui aux deux bords, par des bras de Titans […] Cependant, pour avoir disparu, le fleuve n’est pas tari; son ancien génie vit encore […] À la fin, il reparaît à quelques centaines de pas à la lumière un peu calmé, plus bleu, plus majestueux, mais non brisé, ni dompté par cette épreuve13.
- 1.
Edgar Quinet, Philosophie de l’histoire de France, Paris, Payot, 2009.
- 2.
Voir Olivier Mongin, « Le grand bazar des commentateurs politiques », Esprit, novembre 2011.
- 3.
Voir l’article de Serge July dans ce numéro, « Hollande, les fragilités d’une campagne », p. 32-37.
- 4.
Voir l’article du Monde du 14 janvier 2012, « Conflit à Bruxelles à propos de la hausse du salaire des “eurocrates” ».
- 5.
Voir à propos de la révérence indécente à une laïcité identitaire anti-islam, l’article d’Olivier Roy dans le numéro de la revue Critique consacré aux populismes, janvier-février 2012.
- 6.
L’ouvrage « réformateur » coordonné par Patrick Weil, qui anime un club politique, est une espèce d’ovni dans la campagne : 80 propositions qui ne coûtent pas 80 milliards, Paris, Grasset, 2012.
- 7.
Sur le rôle politique de la Bce, voir les analyses de Gaël Giraud (sous la dir. de), Vingt propositions pour réformer le capitalisme, Paris, Flammarion, 2009, rééd. coll. « Champs », février 2012; sur la signification politique et la dimension collective de la monnaie ainsi que sur le refus de la théorie économique orthodoxe de la prendre en compte, voir André Orléan, l’Empire de la valeur. Refonder l’économie, Paris, Le Seuil, 2011, et l’entretien avec André Orléan dans ce numéro, « Pour une approche alternative de l’économie », p. 111-128.
- 8.
Dans notre pays d’historiens, la géographie reste sous la coupe de l’histoire. L’agrégation de géographie a été longtemps dévalorisée parce qu’elle ne comportait ni grec, ni latin, contrairement à celle d’histoire. Aujourd’hui, on veut réduire la place de la géographie dans l’enseignement secondaire alors que l’histoire se maintient. Les débats sur la Global History (histoire globale) montrent l’acharnement des historiens français à ne pas sortir d’une représentation nationale de l’histoire. Ce qui est d’autant plus grave que les Michelet d’aujourd’hui sont rares, bien discrets et ennuyeux.
- 9.
Alain Supiot, « L’inscription territoriale des lois », Esprit, novembre 2008. Du même, voir aussi la bonne mise au point que représente l’Esprit de Philadelphie. La justice sociale face au marché total, Paris, Le Seuil, 2010.
- 10.
Voir Dani Rodrik, Nations et mondialisation, Paris, La Découverte, 2008.
- 11.
Voir O. Mongin, la Condition urbaine. La ville à l’heure de la mondialisation, Paris, Le Seuil, coll. « Points », 2007.
- 12.
Voir Catherine Wihtol de Wenden, la Globalisation humaine, Paris, Puf, 2009.
- 13.
E. Quinet, Philosophie de l’histoire de France, op. cit., p. 88.