
Sécularisation et mutation du religieux
Si d’aucuns déplorent le relatif éclatement des communautés croyantes - lié, entre autres, à la mondialisation - ainsi que la sécularisation massive qu’a connue l’Europe au cours des dernières décennies, Olivier Roy considère ces mutations comme bénéfiques. Extraite des cadres dogmatiques et des institutions, la pratique religieuse gagnerait en teneur et en intimité.
La visibilité actuelle de la religion ne découle-t-elle pas d’un succès paradoxal de la sécularisation ? Celle-ci, renforcée par la mondialisation, contraint en effet les religions à se détacher de la culture. Elle favorise donc une forme de fondamentalisme qui assume sa déterritorialisation et sa déculturation. La religion sans culture : comment décrire cette mutation en cours ? C’est le projet du livre la Sainte ignorance dont les pages publiées ici constituent le début de l’introduction.
Pourquoi des dizaines de milliers de musulmans en Asie centrale deviennent-ils chrétiens ou témoins de Jéhovah ? Comment une Église protestante évangélique peut-elle s’enraciner au Maroc et en Algérie ? Pourquoi l’évangélisme protestant fait-il une percée extraordinaire au Brésil (25 millions de membres en 2007) ou en Afrique de l’Ouest ? Comment expliquer que la religion qui croît le plus vite dans le monde soit le pentecôtisme ? Pourquoi le salafisme radical attire-t-il des jeunes européens, blancs ou noirs ? Comment se fait-il qu’Al-Qaida soit l’organisation « islamique » qui compte le plus fort po