Grèce : les raisons historiques de la faillite
La crise grecque a surpris, a choqué, comme si l’Europe ne s’attendait pas à se voir ainsi frappée dans sa source même, dans le pays symbole de la démocratie. Il faut alors revenir en arrière, sur les faiblesses de l’État grec et les aveuglements des partenaires européens, mettre en perspective longue ce que les Grecs attendent de l’Europe. Reprendre une analyse politique et historique de la relation entre la Grèce et l’Europe, c’est éviter de se laisser enfermer dans un formalisme qui a contribué à la crise actuelle.
La boîte de Pandore
C’était il y a deux ans, à l’automne 2009 : après avoir largement remporté les élections législatives à la tête du Mouvement socialiste panhéllenique (Pasok), le nouveau Premier ministre grec Georges Papandréou a subitement ouvert une véritable boîte de Pandore. Forcé d’avouer à ses électeurs qu’il ne serait pas en mesure de tenir ses promesses de campagne, il a accusé ses adversaires et prédécesseurs de la Nouvelle Démocratie d’avoir dissimulé l’étendue des déficits et de l’endettement. Pour combler le gouffre entre sa retentissante déclaration préélectorale (« De l’argent, il y en a ! ») et l’inévitable politique d’austérité, il a délibérément forcé le trait, comparant la Grèce au Titanic.