
La poésie de Louise Glück
La poétesse américaine Louise Glück a obtenu le prix Nobel de littérature 2020. Romain Benini, qui a traduit en français son dernier recueil Nuit de foi et de vertu, nous introduit à une œuvre poétique explorant les données élémentaires de l’expérience humaine, le rapport au temps ou à la mort, non sans une certaine propension à l’humour et à l’ironie. Il nous propose également une traduction inédite d’un poème.
Louise Glück a reçu le prix Nobel de littérature le jeudi 8 octobre 2020. Avant cela, très peu de ses textes étaient parvenus au lectorat français et seuls quelques poèmes épars étaient traduits dans notre langue1. Le fait est sans doute anecdotique, mais il est tout aussi sûrement remarquable : combien de fois est-il arrivé qu’une œuvre soit ainsi récompensée par l’académie suédoise alors qu’elle était aussi méconnue en France ? En 2015, la dernière femme distinguée, Olga Tokarczuk, était traduite depuis près de vingt ans en français. Il est vrai qu’on célébrait surtout ses œuvres narratives. Mais le dernier poète salué par Stockholm, Tomas Tranströmer, dont l’œuvre a des dimensions comparables à celle de Louise Glück, était déjà publié au Castor Astral trente ans avant le prix décerné en 2011. Même Gallimard s’en était emparé depuis 2004.
Il ne s’agit pas ici de déplorer le rang secondaire auquel semble reléguée la poésie, ni de s’interroger un peu artificiellement sur les causes de la négligence éditoriale française à