
Musée des mutants
La question de la restitution des œuvres d’art africain soulève celle de musées qui puissent accueillir la vie métamorphique des objets d’art. Ces musées doivent exprimer une cosmologie de l’émergence, qui a su s’intégrer à l’islam, comme en témoigne l’architecture des mosquées en Afrique de l’Ouest.
Je suis de ceux qui, plutôt que de la notion de « philosophie africaine », qui toujours appelle d’interminables préalables, préfèrent parler de « problèmes philosophiques africains ». Si ce déplacement a le mérite de nous faire prendre nos points de départ dans « les problèmes eux-mêmes et les exigences qui en sont coextensives », ainsi que le disait Husserl, il pose bien évidemment la question de ce que signifie être « africain » pour un problème philosophique. Cela ne signifie nullement qu’un problème est unique et spécifique au continent. Cela peut vouloir dire, par exemple, simplement, qu’il se pose de manière particulière depuis une perspective africaine. Mais les « exigences qui en sont coextensives », entendons sa formulation et son traitement, s’ouvrent sur tous les éclairages, toutes les ressources qu’apportent diverses traditions intellectuelles, divers concepts philosophiques qui se rencontrent dans toutes les aires et périodes de l’histoire humaine. Sans doute seront alors mobilisées les ressources intellectuelles, spirituelles, artistiques, etc. que recèlent les cosmologies africaines, mais cela ne sera le cas ni nécessairement ni exclusivement.
Un exemple privilégié est celui de l’art africain. Les objets d’art qui ont été créés sur le continent amènent ainsi à poser à leur propos certains problèmes philosophiques africains. Qui peuvent concerne