
Israël à 70 ans
Tentatives de mise au pas de la Cour suprême, intransigeance face aux migrants africains, affaires de corruption en cascade visant le Premier ministre Benyamin Netanyahou et manœuvres parlementaires destinées à le rendre pénalement irresponsable, poursuite de la colonisation en Cisjordanie, initiatives pour un rétablissement effectif de la peine de mort, attaques répétées contre les médias et les Organisations non gouvernementales (Ong) : l’observateur occidental est souvent pris de vertige devant la pente que semble emprunter ces derniers mois la démocratie israélienne. Les articles de presse, de facture israélienne, traduits en français, souvent volontairement provocateurs, promettent à Israël un destin à la turque, à la hongroise ou à la russe. Quand ce n’est pas pire[1]. Alors qu’Israël entre dans sa 71e année, une analyse des fractures qui traversent le pays n’est pas inutile pour tenter d’y voir plus clair.
Une société hétérogène
Traditionnellement, la littérature scientifique proposait une lecture à deux faces de la société israélienne. On y soulignait l’avènement, depuis les années 1980 et l’intégration définitive d’Israël dans l’économie mondialisée, de deux blocs antagonistes[2]. D’un côté, une large majorité sécularisée, alignée sur les normes occidentales et dont la classe moyenne salariée constitue la locomotive. Disparate, celle