
Le non-anniversaire de la révolution d’Octobre
Niant les ruptures qui ont jalonné l’histoire de la Russie au siècle dernier, les autorités russes, soutenues en cela par l’Eglise orthodoxe, cherchent à écrire le récit rassurant de sa continuité, avec Vladimir Poutine en héritier des grandes figures du pouvoir autoritaire.
Au grand étonnement de la plupart des observateurs étrangers, le centième anniversaire de la révolution d’Octobre a été à peine célébré en Russie. Le parti communiste de la Fédération de Russie (Kprf) s’est rassemblé au centre de Moscou, sous une banderole portant les effigies de Lénine et de Staline, devant quelques centaines de personnes auxquelles se sont joints divers communistes et sympathisants venus de l’étranger. Puis, les dirigeants ont donné une réception à l’hôtel Renaissance Moscow Monarque. À l’initiative du parti communiste, des défilés ont également eu lieu dans plusieurs villes de Russie. Pour le reste, le 7 novembre 2017 s’est déroulé comme une journée ordinaire, sans manifestation officielle. Quand des journalistes avaient demandé au porte-parole du président Poutine, comment serait célébré cet anniversaire, il avait répondu : « Qu’y a-t-il à commémorer ? » L’événement a cependant donné lieu à des séries télévisées, plus ou moins romancées, sur la révolution et sur la guerre civile, et à diverses expositions dans des musées, qui ont touché un public relativement restreint.
Le 7 novembre était pourtant la fête centrale du calendrier soviétique, l’anniversaire de la grande révolution socialiste d’Octobre, consacré à l’événement qui, à la fois, fondait le régime et en fixait le but à atteindre, son alpha et oméga. Depuis l’effondrement de l’Urss en décembre 1991, le pouvoir russe ne sait que faire du 7 novembre et il a tenté d’y substituer de