
Le Metropol d’Eugen Ruge
Trad. par Jacqueline Chambon
Eugen Ruge est né en 1954 à Soswa, dans l’Oural, d’un père allemand devenu citoyen soviétique avant d’être déporté au goulag et d’une mère russe. En 1988, il quitte Berlin-Est et passe à l’Ouest. Mathématicien, scénariste, homme de théâtre, traducteur et écrivain, son œuvre est irriguée par son histoire familiale. Son précédent roman, Quand la lumière décline, contait, à travers trois générations, les pérégrinations d’Est en Ouest et les désillusions d’une famille nourrie à l’idéologie communiste, à l’effondrement de laquelle les derniers descendants assistent à la fin des années 19801. Le Metropol relate un épisode gardé longtemps secret de la vie des grands-parents de l’auteur, Hans et Lotte Baumgartner, alias Wilhem et Charlotte – dite Lotte – Germaine. Ceux-ci avaient fui l’Allemagne pour l’URSS lors de la montée du nazisme. À partir de leur dossier, qu’il découvre au début des années 2000 dans les archives d’État russes pour l’histoire sociale et politique, et des recherches qu’il a menées sur cette période, Eugen Ruge, mêlant réalité et fiction, reconstitue, dans ses détails les plus cocasses et les plus tragiques, leur vie quotidienne pendant les 477 jours qu’ils passent à l’hôtel Metropol, où ils sont assignés à résidence. Il décrit l’ébranlement psychologique que représente, pour les communistes convaincus qu’ils étaient, cette période de terreur et d’épuration et le climat de pe