
Un casque bleu chez les Khmers rouges. Journal d’un soldat de la paix, Cambodge, 1992 de Guillaume Ancel
Préface de Stéphane Audoin-Rouzeau
Le premier mérite de ce livre est de faire découvrir au lecteur néophyte une opération de maintien de la paix relativement oubliée : celle menée par les Nations unies au Cambodge dans le cadre de l’Autorité provisoire des Nations unies au Cambodge (Apronuc), de février 1992 à septembre 1993. D’un point de vue stylistique, l’exercice de remémoration spontanée tenté par l’auteur est remarquable, ainsi que l’explique Guillaume Ancel dans son propos conclusif. Cette capacité de reconstruction au jour le jour entraîne une impression de lecture souvent semblable à l’expérience du soldat devenu observateur militaire : une découverte teintée de nombreuses incompréhensions. Mais aussi une fierté semblable à celle qu’a pu, malgré ses critiques justes et sévères envers le système onusien et l’incurie de certains de ses agents, ressentir l’auteur à la fin de sa mission : un désarmement quasi complet des groupes insurgés de sa région d’assignation, et le début de meilleures liaisons logistiques avec la localité dans laquelle la deuxième partie de sa mission avait eu lieu. Une éthique militaire constante se dessine à travers le récit chez Ancel, et les lecteurs se souviendront longtemps de la scène d’ouverture, ou de la visite des équipes de l’Apronuc auprès de moines bouddhistes n’ayant vu aucun combattant, ou étranger, depuis la guerre d’Indochine…