
Théâtre de Feydeau
Édition de Violaine Heyraud
Feydeau reste un précurseur même si son théâtre est relégué au boulevard. En effet, il sut opposer un certain non-sens à la soumission au possible. Ce théâtre dit bourgeois gronde parfois d’une violence sourde. Comme s’il fallait aller au bout d’un certain épuisement du langage quotidien, dégagé de toute esthétisation, incarné par l’inadéquation d’êtres imprudents à la verve parfois clownesque. Les personnages ne sont jamais des fantoches : ils gardent tous une personnalité dans des situations burlesques, mais qui pourraient verser dans le tragique. Entre babils, répétitions, déformations, lapsus, les liens logiques capotent en mettant le lecteur face à un miroir grossissant et déformant. Feydeau annonce déjà un théâtre de l’absurde. Il faut donc le relire pour en apprécier la gaieté et la folie.