
La substance du capital de Robert Kurz
L’allemand Robert Kurz (1943-2012) était un théoricien iconoclaste d’inspiration marxiste. Il est aujourd’hui considéré comme l’un des principaux représentants de la « critique de la valeur ». Auteur du Livre noir du capitalisme (1999), il n’était pas universitaire mais fonda et édita plusieurs revues, dont Krisis puis Exit!, qui reflètent l’évolution de sa pensée et la radicalisation de sa critique. La Substance du capital, qui regroupe deux de ses (longs) articles, témoigne de son originalité. Au lieu de s’intéresser, comme le mouvement ouvrier à la suite de Karl Marx, à la circulation et au partage de la valeur entre le travail et le capital, Robert Kurz se penche sur la production de cette valeur et, plus particulièrement, à la place du travail dans ce processus. À ce titre, il remet en cause le caractère abstrait du travail dans la théorie économique, conception en partie reprise par Marx, même si son œuvre laissait entrevoir, d’après Robert Kurz, une remise en cause plus radicale. Prolongeant cette intuition, Robert Kurz estime que le travail est tout sauf une catégorie naturelle et que son avènement est concomitant de celui du capitalisme. Dans la seconde partie de son essai, Robert Kurz revient aussi sur la conceptualisation de l’effondrement du capitalisme chez certains théoriciens marxistes, comme Rosa Luxemburg, et la disparition de cette idée au sein du mouvement ouvrier. Pour Robert Kurz, la crise du capitalisme s’est pour