
Trois leçons sur l’école républicaine d’Éric Maurin
On ne peut qu’être frappé par l’incidence théorique et pratique de la thèse d’Éric Maurin selon laquelle les inégalités scolaires ne viennent pas de l’école elle-même, ainsi que Bourdieu et Passeron ont pu le soutenir. En effet, l’économiste et sociologue, s’appuyant sur de nombreuses études, confirme la prépondérance de l’inégalité des conditions de vie sur les carrières scolaires, masse de granit sur laquelle l’école n’a aucune prise, tout en s’y heurtant constamment. Aussi s’engager dans une lutte contre les inégalités à l’école est-il voué à l’échec, puisque ce but relève d’abord et surtout de politiques sociales. En revanche, la réduction de la pauvreté des enfants forme le moyen le plus efficace pour rétablir les chances concrètes de réussite. C’est à un grand déplacement du regard analytique que convie cet essai incisif sur « le problème du siècle » que constitue toujours « l’inégalité d’éducation », selon un célèbre discours de Jules Ferry en 1870. Par sa problématique autant que par ses thèmes d’investigation (laïcité, centralisme, élitisme), l’auteur opère ainsi une « plongée au cœur du système ».
L’hypothèse globale d’Éric Maurin, que l’on peut qualifier d’« externaliste », ne doit pas être conçue comme une régression à une intuition de sens commun, selon laquelle « tout se joue à la maison », ni comme la réhabilitation d’un déterminisme inhérent au « milieu » dont un xixe