
Quand l’avenir nous échappe de Bernard Perret
Le nouvel essai de Bernard Perret est une heureuse surprise et pourtant, le sujet qu’il traite n’a rien de réjouissant ni de surprenant : nous savons (sans y croire) que nous allons dans le mur, que la pandémie qui nous harcèle depuis plus d’un an n’est qu’un signe avant-coureur de catastrophes à venir encore moins prévisibles et moins maîtrisables, aucun vaccin ne pouvant prévenir les dommages irréversibles opérés sur notre environnement par le changement climatique. Nous savons donc que nous vivons la fin d’un monde, que notre système économique est condamné à plus ou moins brève échéance, que nous devrons changer nos modes de vie : la lutte contre le réchauffement de la planète exige plus que de « verdir la croissance », elle devra s’attaquer aux certitudes, aux habitudes, aux envies de l’homme moderne. Et cependant, nous ne faisons rien ou presque rien.
La surprise, c’est qu’au lieu de déplorer notre manque de lucidité et de courage dans cette situation inédite, Bernard Perret en prend acte très calmement et en analyse sinon les raisons, du moins les causes. Il prend appui ensuite sur l’expérience historique, l’anthropologie girardienne, les travaux sociologiques de Norbert Elias et de Charles Taylor pour rendre compte de l’attitude d’attente ouverte sur l’inattendu qui, selon lui, doit être la nôtre à l’égard de l’avenir. L’idée, c’est que nous ne pourrons nous transformer, nous réinventer que sous la pression des événements. L’avenir nous échappe en c