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Notes de lecture

Dans le même numéro

Le Véganisme de Valéry Giroux et Renan Larue

La cause animale ne peut plus être ignorée. Beaucoup ont été choqués par les vidéos filmées par l’association L214, beaucoup réduisent leur consommation de produits d’origine animale ou deviennent végétariens, voire végans, refusant ainsi de cautionner la souffrance animale. C’est à ce phénomène, que certains voudraient faire passer pour une simple mode, que s’intéressent Valéry Giroux et Renan Larue, montrant qu’il relève du respect de la vie sous toutes ses formes. Pour l’industrie de la viande, il faut «  maintenir l’invisibilité de la souffrance  ». Quant au consommateur, il sait mais ne veut pas voir, dans le déni. Il relativise sa propre responsabilité en minorant des effets négatifs de son comportement, dans un système qui serait global et contre lequel il ne pourrait rien, en contestant la valeur des informations dissonantes, par exemple en disant que «  les images filmées clandestinement dans les abattoirs ne sont en rien représentatives  », et en recourant à des informations consonantes, par exemple que l’homme fait partie de la chaîne alimentaire ou que la viande est une source de revenus. Certains évoquent aussi le plaisir gustatif. Aussi faibles que soient ces arguments, l’éthique doit être plus forte que l’économie ou le plaisir. Il faut bien insister sur notre responsabilité personnelle, non pas à des fins culpabilisatrices, mais parce que nous détenons les clés du changement : consommer, c’est déléguer à d’autres le «  travail  » de l’abattage. Valéry Giroux et Renan Larue montrent tous les efforts déployés par «  l’hégémonie carniste  » pour maintenir son modèle, à travers les lobbies, les ministères, l’école ou les médecins. En ce qui concerne le Code pénal, après avoir affirmé que tout acte de cruauté à l’égard d’un animal est interdit, il admet une exception pour les corridas et les combats de coqs, «  lorsqu’une tradition locale ininterrompue peut être invoquée  ». A-t-on le droit de prendre la vie d’un être qui, comme nous, éprouve de la souffrance ? Cette raison par laquelle l’homme se dit supérieur, et qui devrait faire naître en lui un sentiment de compassion et de responsabilité pour les autres créatures, est au contraire ce par quoi il légitime leur destruction. Et quand bien même les animaux n’auraient ni conscience, ni raison, ni langage, faudrait-il en conclure que leur vie a une valeur inférieure ? Les deux espèces, humaine et animale, sont unies par un rapport de continuité. La défense des droits de l’homme implique également la défense des droits des animaux. Leur présence est un enchantement continuel. Un jour viendra où nous comprendrons que nous aimer les uns les autres, c’est aussi aimer l’ensemble des créatures.

Presses universitaires de France, coll. « Que sais-je ? », 2018
128 p. 4,75 €

Samuel Bidaud

Docteur en sciences du langage, Samuel Bidaud est chercheur postdoctoral à l'Université Palacky d'Olomouc (République tchèque) au département d'études romanes.

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Quand le langage travaille

Là où nos sociétés connaissent des tensions, là aussi travaille le langage. Le dossier d’Esprit (décembre 2019), coordonné par Anne Dujin, se met à son écoute, pour entendre l’écho de nos angoisses, de nos espoirs et de nos désirs. À lire aussi dans ce numéro : les déçus du Califat, 1989 ou le sens de l’histoire et un entretien avec Sylvain Tesson.