
Écrits libres de Syrie. De la révolution à la guerre et Yémen. Écrire la guerre, de Franck Mermier (sous la dir. de)
Il faut d’emblée saluer cette double publication sur deux terrains de violence, appréhendés, pour la première fois, par les voix de leurs témoins ou victimes directes. Loin de se réduire aux « faits divers » se déroulant dans des contrées lointaines, les guerres syrienne et yéménite sont, avant tout, destructrices du temps et de l’espace collectifs et du tissu social. Mais, transformant la vie, parfois même la simple survie en un acte de résistance, elles s’avèrent aussi déclencheuses de consciences citoyennes.
Les introductions de Franck Mermier permettent de saisir les trajectoires singulières de ces deux conflits, mais aussi nombre de traits communs qui les caractérisent : ils résultent tous deux d’une contestation révolutionnaire profondément démocratique visant initialement à mettre fin à une tyrannie ayant confisqué l’essentiel des pouvoirs politique, économique et militaire, un temps sombre et éternel dominé par des organes paramilitaires, un ordre de violence compromettant l’avenir même des sociétés. Comme le précise Ali al-Muqri dans le volume consacré au Yémen, si la révolution se métamorphose en guerre, c’est que les deux régimes pensent le pouvoir comme l’art de « danser sur la tête des serpents » et érigent la mort de leurs adversaires en condition de leur propre durabilité. De même, le conflit, si ce terme a encore un sens heuristique, prend une dimension nettement confessionnelle non pas du fait de la