
Nuremberg. La bataille des images. Des coulisses à la scène d’un procès-spectacle de Sylvie Lindeperg
Le procès de Nuremberg reste dans l’imaginaire collectif comme l’accord final du grand fracas de la Seconde Guerre mondiale. On aurait pu penser que les films tournés pendant son déroulement seraient exemplaires. Exemplaires, ils le furent en effet, mais surtout de la difficulté d’utiliser les images et les sons recueillis pendant les débats d’un tribunal appelé, pour la première fois, à juger l’histoire. Certes, on a appris comment faire depuis, surtout à partir du procès Eichmann, puis du procès Barbie en France, mais en 1946-1947, tout était à inventer. C’est de cet apprentissage plein de tâtonnements que rend compte l’ouvrage de Sylvie Lindeperg, un livre méticuleux qui se lit comme un roman d’aventures, d’abord parce qu’il est très bien écrit, éclairant les subtilités du langage cinématographique, ensuite en raison des personnages flamboyants qui s’y croisent et s’y affrontent dès le début dans un mélange tragi-comique. Par exemple, les juges devaient-ils porter une perruque ? Oui, opinent bien entendu les Britanniques. Panique des Russes, qui s’agitent jusqu’à obtenir de siéger en uniforme, donc avec casquettes… Et la description du petit monde de la presse – logé dans un château digne de ceux de Louis II de Bavière, mais en dortoirs avec lits de camp, amours naissantes et bagarres pour le contrôle de la salle de bains – reste fort actuelle.
Pour la partie sérieuse, une fois la décision prise de filmer les débats, ce fut, du premier au dernier jour, un affront